Je ne sais pas combien d’exemplaires de son livre Isabelle Sorente a vendu, mais, de toutes façons ce n’est pas assez. La faute sans doute à un titre curieux dont la quatrième de couverture nous apprend que « 180 jours, c’est le temps qui sépare la naissance d’un porc de sa mort à l’abattoir », à l’image incertaine d’un camion zigzaguant (il est à gauche) dans le brouillard des Ardennes belges ( ?), à ces signes qui laissent supposer une sombre histoire de trafic d’organes, de cadavres (de) cochons, de stéroïdes, bref ce genre qui ne fait pas toujours tendre la main vers un livre. Et pourtant. Pourtant, c’était l’un des plus beaux livres de la rentrée de septembre dernier. Le premier livre du XXIème siècle qui ose le bilan de notre barbarie du XXème, au travers de cette brillante métaphore porcine. C’est un immense roman sur nous. Nos noirceurs animales. Nos bestialités. Et au bout, cette lueur, même vacillante, qui éclaire nos coins d’humanité. Scott Fitzgerald disait qu’il n’y avait pas de seconde chance dans la vie, j’aimerais croire qu’il y en a une dans celles des (très) bons livres.
Ce roman est paru il y a 217 jours, le 4 septembre 2013.