La dérobée ; celle qui prend furtivement quelque chose à quelqu’un, celle qui soustrait, dissimule. La dérobée, c’est Claire, la narratrice qui voit s’installer, trente ans plus tard, son premier amour de jeunesse à l’étage du dessus.
Mais c’est aussi, la dérobée, toutes ces choses qui nous soustraient, nous volent, ce que nous avions de gracieux et de pur. C’est la voracité de certains adultes, cette dérobée. C’est la désillusion brouillardeuse du temps qui s’empare de nos rêves, nos chimères, et nous laisse dérobé à nous-même. La dérobée*, c’est un formidable et très maîtrisé premier roman que j’ai découvert, ainsi que son adorable auteur, au Salon du livre de Nice ; un de ces romans d’équilibriste, qui oscille entre la joie du sentiment amoureux et la noirceur de certains désirs ; un roman surprenant dont les parrains pourraient être La femme d’à côté, le film de Truffaut et Un fils parfait, le livre de Menegaux. Du beau, du grave – vous l’aurez deviné.
Alors, ne vous dérobez pas (facile, je sais), foncez dans votre librairie et achetez ce livre. Dérobez-le (facile, encore) si vous voulez, mais surtout, ne passez pas à côté. Ne vous privez pas d’un grand premier roman.
*La dérobée, de Sophie de Baere. Éditions Anne Carrière, publié sous la direction de Jean-Baptiste Gendarme. En librairie depuis le 13 avril 2018. Et un bijou en bonus : un extrait de sa lecture musicale au Salon du livre de Nice en juin dernier.