Il y a quelque chose de H.G. Clouzot chez Mathieu Menegaux. Un noir et blanc où les noirs sont profonds, mystérieux, dans lesquels dansent les âmes noires justement, se dévoilent nos invisibles failles et autres inavouables ténèbres. Quelque chose de Simenon aussi, quelque chose de découenné, de diaboliquement précis ; une incision dans l’image parfaite de nos vies parfaites, d’où jaillissent les gouttes du mensonge, comme un sang épais, empoisonné.
Après l’admirable Je me suis tue*, paru en 2015, le revoici avec un texte glaçant, Un fils parfait**, la longue lettre de Daphné, mère de deux petites filles, à sa belle-mère. À propos de son fils parfait.
Le loup.
C’est un livre terrifiant, qui nous happe mot après mot, comme un sable mouvant ; un texte qui nous fait passer de la colère au chagrin à l’envie de meurtre. C’est un aussi livre sur l’immense solitude, celle que l’on prend dans la gueule, un rocher qui vous broie, quand triomphe l’injustice – ce qui est de plus en plus souvent le cas dans notre société gangrénée, selon que vous serez puissant ou misérable, écrivez déjà notre célèbre fabuliste. Mathieu Menegaux a un talent formidable. Quelle chance de penser qu’il a encore toute une œuvre devant lui.
*Je me suis tue, de Mathieu Menegaux. Éditions Grasset (2015), éditions Points (2017). Prix du Premier roman des 29ème Journées du Livre de Sablet.
**Un fils parfait. Éditions Grasset. En librairie depuis le 1 février 2017.