Lorraine Fouchet est une magicienne.
Avant – du temps où elle était urgentiste au SAMU et à SOS Médecin –elle réparait les cœurs, les valvulves tricuspides et signoïdes, les troncs brachiocéphaliques, les aortes descendantes et quelques mauvais coups de couteau, la voici désormais spécialiste du cœur, celui des peines, des chagrins, des joies, des pardons, des exaltations, et d’une petite thoracotomie quand même (on ne se refait pas).
Dans son nouveau livre* – mais pourquoi diable nous a-t-elle fait languir deux ans ? –, Lorraine nous balade sur l’île de Groix, au Vésinet, à Rome, à Paris, et surtout sur ce pont qui relie le magnifique cœur de Jo à la promesse que lui a demandé d’honorer Lou, dans son testament – Lou, sa femme partie « là où l’on va après ».
Il y a de la grande Nina Companeez dans cette virevoltante ode à la vie, à l’amour, à la filiation, et Lorraine a l’élégance de ne jamais ne sombrer (on est au bord de l’océan) dans l’eau de rose.
Elle aime sincèrement chacun de ses personnages et l’on se prend à rêver d’être un jour croqué par son écriture si fine : « Notre fils n’est ni sympathique, ni drôle, ni attendrissant, mais il est irréprochable », si touchante : « On ne se remercie pas dans notre famille, on s’entrechoque », si sensuelle : « Elle touche les aliments comme s’ils étaient de la soie ».
Lorraine maîtrise son histoire, aussi sûrement qu’une lame de 10, et que les mots qui sauvent. On est bien dans son livre. On se rassure. On n’est plus seul.
Entre ciel et Lou** est une importante polyphonie familiale doublée d’une magnifique histoire d’amour en famille – elle est, à ma connaissance, l’une des plus belles héritières de l’inoubliable « La vie est belle » et de son ange Clarence. L’ange de Lorraine se prénomme Lou. Elle est un cadeau.
*Entre ciel et Lou, Lorraine Fouchet. Éditions Héloïse d’Ormesson. En librairie le 10 mars 2016.
**Oui, oui.
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