Archive | mars, 2015

Plein les yeux. Et plein le nez.

Jon_Roberts_blog_Delacourt

Voici un texte incroyable*. Hallucinant, même.
L’histoire d’un enfant de 6 ans qui voit son père buter (vrai flingue, vraie tête qui explose, vrai sang) un automobiliste qui le bloque sur un pont ; ce même père qui lui enseigne (preuve à l’appui) que « le mal est plus fort que le bien », et qui finit par devenir pire que lui.
L’histoire d’un gamin qui se retrouve au Vietnam – les pages qui concernent cette période sont plus monstrueuses que tout ce que le cinéma nous a montré à ce sujet, de Deer Hunter à Apocalypse Now. L’histoire d’un homme qui deviendra un cador de la mafia puis un cocaïne cowboy pour le compte de Don Ochoa et d’Escobar. Qui connaîtra autant de putes que de millions de dollars. Fréquentera, entre autres, l’acteur James Caan dont on dit qu’il n’aurait plus du avoir de nez avec tout ce qu’il s’y enfilait (page 584), Manuel Noriega, dictateur vérolé, dont les doigts (et autre chose sans doute) aimaient à fouiller les petites filles de 10 ans (page 644), et cent autres curiosités humaines encore. Bref, tout cela serait de la rigolade si tout cela n’était pas absolument vrai. Ce qui rend ce témoignage indispensable.

*American Desperado, Jon Roberts et Evan Wright. Editions Le Livre de poche. En librairie.

Ah, les premières fois.

De même que Macha Makeieff avec son Nouveau Bréviaire pour une fin de siècle – Méditation affectueuse sur des objets ordinaires* nous racontait, au travers des gourdes en plastique, des ramasse-monnaie, et autres pichets de vin en terre cuite façon faux bois et coulures de pinard, nos souvenirs perdus, Nicolas Delesalle** nous offre un émouvant catalogue des émotions qui font les enfances inoubliables : la Renault 25 GTS (et non pas la GTX, hélas), la découverte que ça sort par là où on fait pipi, Michel Drucker et Mickael Jackson, les baisers ratés, les routes de vacances, les pornos cryptés de Canal+, les chiens qui meurent et qui donnent envie de vivre, les profs qui comptent, la découverte du Siddartha d’Hermann Hess, les premières ruptures qu’on foire toujours et vingt autres encore. Voici un parfum de très bon premier livre à la belle écriture, fraîche comme une herbe honnête qu’on vient de couper.

Un_parfum_dherbe_coupee
*Éditons du Chêne, 1998.
** Un Parfum d’herbe coupée, Nicolas Delesalle. Éditions Préludes. En librairie.