Guillaume Musso est un prestidigitateur : en commençant un de ses livres, on sait que ça va bien se terminer, que le tour sera réussi. Tout comme Harry Houdini, enchaîné dans son coffre immergé ne peut pas mourir noyé, même si on a peur pour lui, tout comme David Copperfield qui s’était fait disparaître ne peut pas totalement disparaître (on l’a d’ailleurs retrouvé dix ans après dans le village de Castelnau-de-Lévis, Tarn), les amoureux de Guillaume seront ensemble finalement. Fatalement. Et on se met à prier qu’une fois (re)trouvés, il ne leur arrivera plus rien de mal.
Si Guillaume, comme bon nombre d’écrivains, explore l’un des principaux sujets de la littérature, à savoir pourquoi deux personnes se choisissent (et que Montaigne résuma parfaitement avec son « Parce que c’était lui, parce que c’était moi »), son grand talent est de nous faire nous demander comment ils vont y parvenir.
Et c’est bien là le lieu de tous ses livres : être ensemble, quoiqu’il arrive.
Dans Demain, l’homme et la femme ne vivaient pas dans la même année. Dans Central Park, ils n’avaient pas la même mémoire des choses. Dans L’Instant présent, ils ne peuvent se croiser que 24 heures par an, pendant 24 ans. Et pourtant on le sait, ils vont se retrouver. Et pourtant, on vibre pour eux, on s’inquiète, on espère, on a froid parfois. On est à nouveau un enfant à qui on lit un conte et qui a peur et qui se laisse avoir d’autant plus qu’il sait que tout cela finira bien.
On referme alors le livre, soulagé ; un brin désappointé aussi : l’habile magicien n’a pas dévoilé son « truc ». C’est à nous d’y croire. À nous désormais, de rêver que toutes les rencontres sont possibles. Quoiqu’il arrive.
Et c’est là le don de Guillaume. On y croit.
L’Instant présent, Guillaume Musso, éditons XO. En librairie.