Nous sommes à la fin des années 60. Les mamans esseulées feuillètent des magazines dans leur intérieur bouffi de confort moderne. Les papas se recyclent dans la vente au porte à porte d’aspirateurs révolutionnaires qui aspirent leurs dernières illusions, leurs derniers sous. Et tous les petits garçons regardent les femmes faussement dénudées dans les magazines coquins (des papas), et gloussent, et s’étouffent à cause de leurs premières cigarettes. Tous ? Sauf un. Thomas Leclerc*. Un petit homme – petit Tom – dont on ne sait pas ce qu’il est : surdoué, autiste ou autre chose, mais qui, en tout cas, souffre de ce qu’il est : trop brillant à l’école, trop seul, trop de questions. Et c’est justement dans la poésie inventée de sa double vie (Thomas Leclerc/Tom L’Éclair) que va s’écrire son entrée dans le monde réel, sa mansuétude du malheur des grands et du chagrin des petits, et surtout sa compréhension de la normalité dans une société qui ne supporte rien d’autre, rien de différent. Sous couvert d’une fable jouissive et bon enfant, Paul se révèle un redoutable moraliste. Un super conteur.
*Comment Thomas Leclerc, 10 ans, 3 mois et 4 jours est devenu Tom L’Éclair et a sauvé le monde… de Paul Vacca. Éditions Belfond. En librairie dès demain, jeudi 2 avril 2015. Et pour prolonger le plaisir de la lecture de ce livre, à revoir l’imparable Toto le Héros de Jaco Van Dormael, dvd chez MK2.