Archive | juin, 2015

Cours, cours (1/2).

Le Guilder

Voici un roman* étonnant. Déroutant. Amusant. Enchantant. Riant. Déconnant. Insolent.
L’histoire du petit Jeanyf, quatorze ans, qui court après l’absence de sa mère, Yvette, dont le mari, donc son papa, Pierryf, peint le visage sur tout –comme quand les Anglais font des assiettes, des mugs, des t-shirt, des casquettes, des abats jours, etc, avec la tête d’Elizabeth– ou le sculpte dans du buis. Jeanyf qui court comme un lièvre dans la forêt. Comme un fou derrière un ballon. Qui court pour ne pas tomber. Qui court après la belle Bessie, quatorze ans aussi, qui confond aimer et faire mal. Qui court de surprises en surprises depuis que les nouveaux voisins ont fait, dans ce trou du cul du monde, un drôle de Club (les concombres d’ailleurs, et les pieds de chaises, et les battes de baseball et autres grosses carottes sont en rupture de stock dans le village).
L’histoire d’un petit (1,40m) gamin, qui se demande s’il n’est pas ric-rac pour la vie, mais dont le cœur immense apporte la plus surprenante des réponses.

*Ric-Rac, Arnaud Le Guilcher, éditions Robert Laffont. En librairie.

Pauvre Richie.

Richie

Voici un livre* infiniment triste.
Et ce n’est pas à cause de la plume glaciale de Raphaëlle Bacqué, une lame de 10, un scalpel qui incise cette histoire, jusqu’aux entrailles de la chambre froide, qu’il est infiniment triste non, mais à cause de Richie lui-même.
Richie, c’est Richard Descoings, charismatique, manipulateur, colérique, audacieux, idéaliste et pervers (entre autres) directeur de Science Po. Richie, comme un nom de rock star, adulé par ses élèves, courtisé par le Pouvoir (sacré Sarkozy), gangréné par tous ses désirs, toutes ses névroses, toutes ces choses qui mettent en place la plus convenue des tragédies.
Richie, c’est l’histoire (vraie) d’un couple à trois : celui qu’il forma avec Guillaume Pépy, patron de la SNCF, et Nadia Marik – que j’ai rencontré dans la pub, à l’époque où elle était bien loin de celle qu’on allait appeler la « tsarine » ou « Elena », comme dans Nicolae et Elena Ceausescu, ainsi que l’écrit Bacqué.
Richie, c’est une histoire d’appétit homosexuel sans fin, une histoire hétérosexuelle d’amour (vrai) ; une histoire de pouvoir, de détournement d’argent, de mains dans la caisse et de mains aux culs. Une histoire de petits Borgia, en somme, rue Saint-Guillaume. Une histoire banale et sordide. Un petit fait divers pavillonnaire. Mais voilà. Les noms sont connus. Il y a eu un mort. A New York. Dans une chambre d’hôtel. Il y a eu des escorts boys. Beaucoup l’alcool. Un cœur qui lâche. Ça a un parfum de Sofitel. De DSK. Alors le fait divers devient un livre. Et tous les deux sont d’une infinie tristesse.

*Richie, Raphaëlle Bacqué, éditions Grasset. En librairie.