D’ici, dans ce pays où les stèles et autres monuments aux morts sont légion, c’était l’occasion de découvrir (enfin) le roman* de Pierre Lemaitre où chacun sait désormais qu’il y est question d’arnaque aux cadavres de poilus et d’escroquerie aux monuments en mémoire de ces mêmes pelucheux ; question aussi, et surtout, d’amour filial. Prix Goncourt incontesté en 2014, énorme best-seller, sans doute un film épatant un de ces quatre (ne perds pas ton temps ici Jeunet, reviens en France), Au revoir là-haut est enfant de Marcel Aymé, Maurice Leblanc et Gaston Leroux. Une histoire d’après-guerre, un immense feuilleton rocambolesque, une galerie d’humanités magnifiques, une créativité jubilatoire. Un très aimable divertissement dans l’écriture duquel Lemaître semble si joyeux, si agréablement sûr de lui, qu’il s’autorise des pochades du genre, page 26% : « (…) qui la trouvaient banale vue de face mais très jolie vue de dot ». Jouissif.
*Au revoir là-haut, Pierre Lemaitre. Éditions Albin Michel et Le Livre de Poche (et un petit peu aussi, en Kindle). Goncourt 2014.