C’est finalement Nathalie* qui s’est chargée de chroniquer Danser au bord de l’abîme** et je l’en remercie de tout cœur. Je la savais lectrice exigeante, je la découvre musicienne des mots. Et, bien sûr, le très beau titre de cet article est d’elle.
« Quel bonheur que ce nouvel opus de mon écrivain-chouchou Grégoire Delacourt ! Ceux qui me connaissent (et maintenant les autres) savent combien cet auteur compte pour moi, certains de ses livres m’ayant accompagnée lors d’abîmes personnels. Petite Grande précision : cette chronique est faite dans le cadre d’une lecture commune, avec mes amies blogueuses : Alexandra, Nathalie et Virginie (liens de leurs blogs sous cet article).
Ici, nous faisons la connaissance d’Emma, quadragénaire comme tant d’autres, un peu perdue dans un mariage qui ne la fait plus danser, un travail qui l’occupe, et des enfants qui n’ont plus vraiment besoin d’elle. Elle « fait avec » ou plutôt sans, jusqu’au jour, où, dans une brasserie, son regard va croiser celui d’Alexandre… Il est marié lui aussi… Et lui aussi va se laisser emporter par son regard à Elle…
Elle, Emma, a besoin de ce vertige qui prend au creux du ventre. Elle veut la foudre, elle veut le désir, elle veut l’infini.
« Les mères nous apprennent la patience, cette cousine polie du renoncement, parce qu’elles savent qu’entre le désir et l’amour, il y a les mensonges et les capitulations. Le désir ne tient pas toute une vie, m’avait-elle dit.
L’amour non plus, avais-je répondu. Moi, je crois au premier regard… Je crois à la première impression. Je crois au langage de la chair. Au langage des yeux. Au vertige. A la foudre ».
Ils vont alors prendre une décision qui va bouleverser et faire basculer leurs existences, et celles de leurs proches.
Ce qui pourrait n’être alors qu’une banale histoire d’adultère devient, sous la plume magistrale de Grégoire Delacourt, une danse sensuelle et tragique, au bord d’un abîme béant, tout en failles, en cicatrices, en appétits, en tendresse, en lumières.
Mais ce roman n’est pas que cela, loin s’en faut.
Ce roman, c’est aussi, la vie, le désir et sa puissance de tsunami, l’amour, la mort, la liberté (cette chère Blanquette !), le rapport à soi et aux autres, le désamour d’une mère, les liens au-delà de l’au-delà, les interstices sombres ou clairs entre présent et passé, le pardon et la résilience… C’est aussi l’urgence de Vivre, vivre et aimer… Vivre et virevolter …
Page après page, et en parallèle avec la métaphore de la Chèvre de Monsieur Seguin et à ce cher Gringoire (encore une histoire qui m’a profondément marquée), le récit prend une intensité saisissante, fracassante, bouleversante. De fulgurance en fulgurance, il emporte le lecteur du début à la fin, dans un tourbillon d’émotions épidermiques, celles-là même qui vous font comprendre l’importance de l’Existence.
« J’affirme qu’elle est brève, cette gesticulation sur la Terre, d’une brièveté assassine, et qu’elle ne mérite pas d’être encore tronquée par les mésamours, les colères ou les frayeurs. C’est justement parce qu’on n’a pas le temps qu’on doit aimer, désespérément ».
Il faut se laisser porter par l’écriture si délicate et si sensible de Grégoire Delacourt, qui, une fois, encore, sait se glisser avec brio dans la peau d’une femme.
Il faut frissonner, sourire, trembler, pleurer, rire, espérer, à chaque page que l’on tourne, tout comme on tourne, dans le fond, jour après jour, des pages de nos vies.
Il faut se laisser porter par Madame Butterfly, Orphée et Le Trouvère.
Il faut se laisser griser par les vins à la robe capiteuse, se laisser envelopper par la magie des mots, des phrases lâchées çà et là…
Je n’en dirai pas plus, car ce roman, il faut le lire, absolument…
Un immense remerciement donc à Grégoire et aux Éditions JC Lattès, je sors de cette lecture, comme de toutes celles de cet auteur cher à mon cœur, profondément bouleversée. Un roman magistral, un incontournable de la rentrée littéraire de janvier 2017.
« Ceux qui nous aiment nous quittent, mais d’autres arrivent ».
* Retrouvez Nathalie et son blog épatant sur: http://nathdelaude.canalblog.com/archives/2017/01/03/34756674.html ainsi que ceux de ses amies blogueuses, Alexandra, Nathalie et Virginie.
** Danser au bord de l’abîme, Éditions JC Lattès. En librairie depuis le 2 janvier 2017.