Rentrée littéraire 2018. Un écrivain*, c’est le premier roman d’une écrivaine qui écrit sur un écrivain spécialisé dans les essais et qui écrit un roman, L’Imposture du Sphinx, qui traite d’un écrivain qui ressemble furieusement croit-on à l’écrivain qui l’écrit, à tel point qu’on se demande dans le roman si l’un n’est pas l’autre, et voilà que le roman gagne le Prix Goncourt et que l’écrivain dans la vie se met à vraiment ressembler à l’écrivain du livre qui, pour en sortir, se met à écrire la suite des aventures de cet écrivain, dans un second roman, Le Sursaut d’Icare, qui, lui, remporte le Prix Renaudot, dérogatoire au règlement du concours mais qu’importe le texte pourvu qu’on ait les mots, et voilà l’écrivain écrit comme on le dit de l’arroseur arrosé qui, enlisé dans ce double encombrant, écrit la fin de la trilogie dont la pirouette finale le sauve de tout ce bazar. Ouf. C’est dans ce tourbillon abyssal qu’est la jubilation de ce premier roman d’une consultante juridique au Ministère de la Santé (ce qui apparemment laisse le temps d’écrire), et qui a du croiser, observer pas mal d’écrivain dans sa vie pour les croquer avec autant d’acuité.
*Un écrivain, de Laure Arcelin. Éditions Robert Laffont. En librairie depuis le 13 septembre 2018.