Les comfort polar (voici article ci-dessous), c’est comme les chocolats d’une boite. On en choisit un, on le déguste, et voilà qu’on se laisse tenter par un autre, au cas où il serait meilleur encore que le précédent, et un troisième encore, un quatrième peut-être, jusqu’à cette légère impression de nausée. J’en suis resté au second.
Les Oubliés*, du grand John Grisham est un Grisham parfait. On y retrouve l’idéaliste désargenté contre les méchants nantis, comme dans La Firme, comme dans L’Affaire Pélican, comme dans tous ses livres qui font de lui la star littéraire mondiale qu’il est. Ici, inspiré par l’histoire vraie des « Centurions Ministries », on suit un petit groupe de défense des innocents dont certains sont incarcérés depuis 25 ans. On suit quelques affaires. On découvre ces oubliés de la justice et des hommes s’il n’y avait la ferveur de quelques-uns. C’est donc un livre authentiquement confortable et généreux, ce qui est parfait en cette fin d’année, à l’heure des vœux.
Et c’est justement, au moment où l’indécence mondovisionnelle autorise un président à embrasser, dans une étreinte de pieuvre, un joueur de football pour le consoler d’un « chagrin sans malheur », comme le qualifiait si justement Maxime Tandonnet, qu’il est urgent de penser aux vrais oubliés, ceux dont le chagrin est le malheur.
Alors que cette nouvelle année soit celle qui laisse de la place aux autres. Le temps ici est court, ne l’offrons pas à l’infortune. Bonnes Fêtes à tous.
*Les Oubliés, de John Grisham, traduit par Dominique Defert. Éditions Lattès et Livre de Poche. En librairie depuis le 3 mars 2021 et au Poche depuis le 9 mars 2022.