Une autrice (je me demande si finalement auteure n’est pas plus jolie) est invitée par un certain Mo, sur recommandation d’un certain Grégoire*, à animer un atelier d’écriture et, après une pudique hésitation, la voici qui accepte de relever le défi.
Ce n’est donc pas toute une famille, cette fois, que convoque Lorraine dans son nouveau livre** sur sa chère île de Groix, mais des « écrivants »
Tout ce petit monde se retrouve alors pour une semaine d’apprentie-écriture en terre groisillonne, c’est-à-dire avec Ploemeur en face, Belle-Île au sud-est — convenons qu’il y a plus moche comme endroit pour écrire et rêver.
Et c’est là, en ses Terres et en ses mots, que le talent choral de Lorraine se déploie formidablement ; dans sa malice à faire se dévoiler chaque participant au travers de ce qu’il écrit et qui n’est rien d’autre que ce qui le relie au monde.
Car l’écriture est justement ce lien.
Une lettre est un fin tracé, un fil noué, une torsade qui désigne quelque chose, forme un mot qui en révèle une autre et ainsi, ligne après ligne, exactement comme en couture, se dessine ce qui nous tient, nous retient, et parfois nous empêche.
Et elle est là, l’île du titre.
Nous sommes chacun un territoire de mots, borné d’une frontière de phrases, et ce sont ces limites que l’auteure-animatrice s’emploie à faire bouger pour confesser chez chacun les mots entre les mots — ces mots silencieux qui sont notre parole profonde.
Ainsi, au terme d’une semaine riche et forte d’émotions, de retournements très fouchetiens, tous repartiront à jamais révélés à eux-mêmes.
Révéler ; le seul mot qui finalement contient le sens de tous les autres.
* Toutes ressemblances avec des personnages existants ou ayant existé seraient purement fortuites.
**L’Écriture est une île, de Lorraine Fouchet. Éditions Héloïse d’Ormesson. En librairie le 4 avril 2024. (Photo de l’auteure et son livre fournie par l’auteure).