Archive | mai, 2024

La langue de l’enfance.

C’est une langue qui pousse dans la gorge comme pousse dans la terre le chèvrefeuille ou le coquelicot. Elle nomme les choses du monde que l’on tient dans la main, qu’on écrase et qu’on protège. Elle éclot au fur et à mesure que se déplie le corps et selon que le corps est tordu, élancé, puissant, frêle, les mots se font tour à tour cruels, violents ou éthérés. C’est dans ce retour à la langue de l’enfance que s’aventure ici Paule du Bouchet, dans un récit* qui ressemble davantage à l’essai d’un adulte qui tente de retrouver cet étrange langage fait d’eau et de vent, d’incertitude et de déraison ; pétri de tout sauf, justement, des mots des adultes — dont les idiomes, désagréables et arrogants, veulent toujours avoir raison, toujours avoir le dernier mot. 
À l’arrivée, il me semble que La langue de l’hirondelle est le chant du cygne d’une femme qui réalise qu’elle a perdu sa langue ancienne, et c’est peut-être là, dans la façon dont elle cherche à en retrouver les phonèmes consonantiques et les diphtongues indécises, que se s’apprécie la mélancolie de son texte.

*La langue de l’hirondelle, de Paule du Bouchet, aux éditions Gallimard. En librairie depuis le 8 février 2024.

Vendredi 31 mai et samedi 1er juin 2024.

De retour pour deux jours au Festival du livre de Nice, un salon que j’affectionne particulièrement, où j’ai toujours un immense plaisir à vous retrouver depuis tant d’années. Tout le programme ici.

Vendredi 31 mai 2024.

Rencontre très attendue (pour moi) ce soir avec Aurélie Barlet dans sa charmante librairie La Pléiade, à Cagnes-sur-Mer. De son côté tout est prêt ; du mien, je révise.

La Pléiade, 6 avenue Auguste Renoir, 06800 Cagnes-sur-Mer. 17h30, dédicace. 19h00, rencontre.

Jeudi 30 mai 2024.

Troisième Jeudi Littéraire pour moi, le premier pour Jocelyne. Ce jeudi sera d’autant plus spécial qu’il sera le dernier pour Aurélie de Gubernatis, après des années de magnifiques rencontres. Décidément, la place des livres se réduit.

Ne sont que ceux qui restent.

Il y a quelque chose de terriblement délicat à narrer l’agonie d’un père car, comme l’écrit Nina Bouraoui à propos du sien* : « Ce serait être contemporaine de ma douleur et la vivre deux fois, à l’extérieur et à l’intérieur des mots. L’écriture si elle revenait dans ma main reproduirait les effets d’un poison » (page 184-185). Et pourtant, c’est ce poison qui s’empare de ce récit, cette présence absente déjà qui hante les pages, cette histoire dont la fin annoncée ne réserve aucune surprise, si peu de frémissements : la mort vient sur la pointe des pieds et l’on s’approche avec la même légèreté du corps abandonné, cette dépouille, « ce corps qui a retrouvé son visage, en plus jeune, quarante ans, presque » (page 210). Ainsi la mort embellirait, — ce que personnellement je ne crois pas pour avoir vu les miennes défigurées, évidées, humiliées. 
Grand Seigneur appartient à cette famille des récits impossibles et beaux, car si ces livres là permettent à ceux qu’on aime de durer encore un instant, ils ne commémorent au fond que la vie de l’auteur — cette minuscule digue qui ne retient rien. 

*Grand Seigneur, de Nina Bouraoui, aux éditions JC Lattès. En librairie depuis le 3 janvier 2024.

Mardi 28 mai 2024.

Rendez-vous dans la ville où né Grégoire (le chanteur) pour rencontrer Grégoire (l’auteur), ce soir à 19 heures dans la très belle librairie Saint-Pierre. Ça devrait swinguer.

19 heures. Librairie Saint-Pierre, 1 rue Saint-Pierre, 60300 Senlis.