Archive | novembre, 2024

Rouge sang.

Voilà des années que je lis Grangé et le considère comme un auteur absolument remarquable. Certes, il a choisi la famille du thriller mais, à l’instar d’un Lawrence Block et surtout d’un Gregory McDonald, l’a privilégiée pour sonder au plus près la noirceur de nos âmes. 
On n’y échappe pas dans ce nouveau roman* qui nous décrit un Paris sous la coupe d’un Mai 68 plus brûlant que le meilleur des reportages et où, pendant que des rêveurs jettent des pavé sans jamais y découvrir la plage en dessous, un assassin éventre monstrueusement quelques jeunes filles. 
Et voici qu’une enquête démarre, puissante et terrifiante, comme toujours chez lui, avec un flic comme on les aime : cassé, intuitif, sauvage, dans une quête du tueur qui est toujours une quête de soi, de nos propres démons.
Avec Rouge Karma, Grangé nous emmène de Paris à Bombay (et nous en fait voir l’hallucinante vérité) dans un rythme, et surtout une écriture, formidables.
Et, comme le Maître a du bon goût, et beaucoup d’esprit, il se paye le luxe de quelques traits d’humour, ce qui en fait un livre définitivement épatant.

*Rouge Karma, de Jean-Christophe Grangé, aux éditions Albin Michel. En librairie depuis le 3 mai 2023, et au Livre de Poche depuis le 15 mai 2024.

Frank Piazzolla.

Dans le Buenos Aires des années noires, années du Proceso de Reorganización Nacional, une avocate, militante des droits humains, se fait buter d’une balle en plein cœur, alors qu’elle se promène avec sa fille, Lola, sept ans. 
Convaincu que sa fille et lui sont les prochains sur la liste, son père décide alors de fuir en France. Les voilà débarquant dans la Bassin d’Arcachon.
Nous sommes en 1982. Ici, Philippe Lavil chante Il tape sur des bambous pendant qu’en Argentine, on tape sur la gueule de tout ce qui l’ouvre.
Et c’est sur fond de cette période d’une incroyable violence que Frank nous revient avec un très beau livre*, plein de fureur, de sang, de chair et d’amour, tel une entêtante partition de tango, un Piazzolla majeur, une danse de vie et de mort, de désir et de pleurs. 
Les Silences de Buenos Aires tient à la fois du roman de guerre et du roman d’amour, de la sauvagerie et de la douceur— et sans doute faut-il que tant de sang ruisselle dans la poussière des rues d’un pays pour qu’on laisse enfin celui d’un cœur pur qui bat irriguer le cœur du monde et y apporter un peu de paix. 
Les livres ne sauvent aujourd’hui hélas plus le monde, mais assurément celui-ci peut, pour un instant encore, nous le rendre plus beau. Alors merci.

*Les Silences de Buenos Aires, de Frank Andriat, aux éditions F. Deville, collection Œuvre au rouge. En librairie depuis le 15 octobre 2024.

Vendredi 29, samedi 30 novembre et dimanche 1 décembre 2024.

« Je reviendrai à Montréal/Dans un Boeing bleu de mer/J’ai besoin de revoir l’hiver/Et ses aurores boréales » chantait Robert Charlebois en 1976 ; eh bien, ça y est, je reviens enfin dans ce Salon du Livre que j’aime tant, pour y présenter Jocelyne et sa seconde liste d’envies et vous y retrouver.
Tous mes jours et heures de présence ici, et ci-dessous.
Salon du Livre de Montréal, Palais des Congrès, du 27 novembre au 1er décembre 2024.