Toute première fois /Toute toute première fois. Ah, Jeanne Mas, de son vrai nom, Jeanne Mas. Elle devrait, comme Nicolas Rey, Philippe Jaenada, Éliette Abécassis, Philippe Besson et d’autres, rejoindre la magnifique collection jubilatoire Incipit, de chez Steinkis, construite autour des « premières fois ». Les premiers Jeux Olympiques. Le premier Festival de Cannes. Le premier malade du sida. Les premiers congés payés.
C’est ce dernier que je viens de lire – sans doute parce que l’actualité française prône de ne plus travailler, de passer la nuit debout, et d’attendre des sous, beaucoup de sous, de Très Généreux Normal Ier.
Les délices de 361, écrit par Nicolas Rey, racontent ce moment joyeux, en 1936, où la France ouvrière découvre le train qui mène à la mer, « c’est vrai que la mer, c’est un peu décevant. C’est juste beaucoup d’eau au fond, non ? » (page 40), les décapotables des riches, et les jolies filles de treize ans des bourgeois et des patrons (que deux jeunes écervelées rêvent aujourd’hui de pendre sous le Pont d’Avignon), et plus tard, le tennis.
Et cet été là, dans l’idée folle qu’on allait pour la première fois être payé sans travailler, Nicolas Rey raconte une autre première fois : celle de Marius, fils d’ouvrier, et d’Emma, fille de, (à peine trente ans à eux deux), un premier amour solaire, mais brûlant à l’arrivée, comme un méchant coup de soleil qui incendie la peau, les yeux et le cœur.
Les délices de 36 portent dans leur titre le nom qui les définit le mieux. Croyez-moi.
1.Les délices de 36, de Nicolas Rey, éditions Steinkis, collection Incipit. En librairie depuis le 1er juin 2016.
Un très grand merci à Moïse Kissous pour m’avoir offert ces deux livres, et à Ambre Rouvière pour ne pas désespérer de parvenir à me faire écrire une « première fois ».