Emmanuelle est mon attachante attachée de presse depuis plus de quatre ans. Depuis plus de quatre ans donc, elle doit se farcir mes bouquins, essayer de me faire croire qu’ils ne sont pas trop nuls, et surtout, surtout, essayer de le faire croire aux autres. (Un rôle qui tient davantage de l’apostolat que d’un simple boulot mollement rémunéré).
Et la voilà qui se met à écrire* à son tour. La voilà qui, désormais, va se demander si les proches que nous sommes allons être sincères, allons lui faire croire que son livre n’est pas trop nul, et surtout, essayer de le faire croire aux autres.
– Alors, alors ?
Hommage de l’Auteur absent de Paris est une très joyeuse plongée dans le monde de L’Auteur : un portrait plein de drôlerie sur ses infinis travers, sa lourdeur pachydermique parfois, son appétit pantagruélique et sa descente depardieusienne (surtout quand c’est gratuit – comme dans les salons du livre), sa désarmante naïveté quant à la qualité littéraire de son œuvre, et son incompréhensible incompréhension lorsque les chiffres définitifs de vente tombent : soixante-trois –par exemple (page 170).
Emmanuelle écrit (très bien) et décrit avec un humour vache, et au fond plein de tendresse, ce milieu qu’elle connaît par cœur (et avec le cœur), cet univers qui fait rêver. Jusqu’à ce qu’on l’ait lue.
*Hommage de l’Auteur absent de Paris, Emmanuelle Allibert, éditions Léo Scheer. En librairie dès ce matin.