Après un premier roman digne des meilleurs page-turner dont l’histoire est elle-même un roman (Fidèle au Poste1 fut d’abord édité sur Amazon, y connut un immense succès, puis fut publié par Michel Lafon, puis par Le Livre de Poche – 250.000 lecteurs au total et une adaptation ciné américaine en cours), Amélie Antoine nous offre un second roman risqué (après une incursion dans l’actualité tragique avec Au nom de quoi2, un texte post-Bataclan, comme il y a des livres post-atomiques). Oui. Quand on n’a que l’humour3 est un roman risqué. D’abord par le titre – je me souviens que Jean-Louis Fournier m’avait dit de ne pas faire de jeux de mots dans les titres, « ça ne fait pas très littéraire ». Risqué par le sujet : un homme blessé devient un humoriste adulé, une méga-star, plus star encore que le paltoquet élyséen qui visitait son actrice en scooter ; un humoriste qui sacrifie tout ce qu’il aime à la pieuvre affamée de sa carrière, et un fils, laissé sur le carreau, qui sera amené à renouer les fils du drap de fantôme de son père. Risqué parce que Amélie ose le rire triste et l’émotion joyeuse, parce qu’elle écrit vite, comme on respire, elle sait bien que si l’on arrête de respirer, on tombe. Risqué, parce qu’après l’énorme succès de Fidèle au Poste elle ne veut pas s’enfermer dans la loi des séries, dans les romans polycopiés qui sont la négation même de l’audace et de la création.
Quand on n’a que l’humour est un roman sincèrement aimable, au sens où aimable signifie : « Qui a ou manifeste de la courtoisie, de la politesse, de la gentillesse à l’égard d’autrui ».
En cette période de cynisme nauséabond, ça fait plus que du bien.
- Fidèle au poste (2015). Retrouvez mon billet ici.
- Au nom de quoi (2016). D’abord publié sous le pseudonyme de Dorian Meune, puis sous son nom, chez Amazon Publishing.
- Quand on n’a que l’humour, Amélie Antoine. Éditions Michel Lafon. En librairie depuis le 7 mai 2017 – avec une autre couverture que celle de mon exemplaire qui, du coup, devient collector :