Et elle est un sacré auteur. Ou sacrée autrice, si vous préférez. La voilà qui romance* ce terrible fait divers de 2013. Une femme abandonnait sa petite fille sur la plage de Berk Plage à marée basse pour que l’eau l’engloutisse, l’emporte, puis était rentrée chez elle à Saint-Mandé, l’air de rien. De cette tragédie, Adeline tamise un texte d’une violence et d’une poésie furieuses, trace une enfance imaginaire, africaine et sorcière, burine un corps transpercé, recousu, consumé, un corps comme un pays duquel on est exclu, duquel on n’est plus. Ida n’existe pas est un chant d’amour et d’eau, un esperanto de chair et de larmes, envoutant, spectral, glacial et incandescent à la fois. Ce genre de livre qui s’inscrit la chair comme une brûlure. Quelle claque.
*Ida n’existe pas, de Adeline Fleury. Aux éditions François Bourin. En librairie depuis le 20 août 2020.