Dans la série des romans de l’été, voici l’arrivée d’Arrivée imprévue*, de Philippe Gourdin. Un roman dont le héros dévore « les modernes Botéro et Sardou, Besson et Musso » (page 214) – à propos de ce Botéro, je n’ai trouvé qu’un Giovanni (1544-1617) auteur, entre autres, de De la raison d’État, et je doute qu’il s’agisse de lui – bref, les trois autres nous donnent un sérieux indice sur l’histoire qui se déroule ici, entre Noirmoutiers et Paris, via Los Angeles et San Francisco : une histoire d’amour impossible. Lui, Vivien, quarante ans, riche à voyager avec Netjets et rouler en Lamborghini intérieur cuir et extérieur blanc (page 8) ; il a quitté le monde des affaires pour une retraite anticipée (il ne la touchera sans doute pas au taux plein).
Elle, Samia, dix-huit ans de moins, beurette de banlieue, une banlieue de fait divers où les filles sont sifflées comme des chiennes et tombent toujours sur des sales types.
Rencontre de nuit. Il roule vers sa maison de rêve (douze cylindres rauques, ça fait du potin), elle fait du stop, et les voilà partis vers la mer, « cette chose immense, intemporelle, particulièrement respectable, ce concept définitif » (page 146).
Leur route sera belle et lente : on n’apprivoise pas aussi facilement tant de différences.
Et, page 225, un fou rire vous attend, ce qui est loin d’être désagréable.
Au-delà de l’exercice de genre – le roman d’été, et son nécessaire happy end –, c’est entre les lignes que réside la trajectoire du livre, dans ce que ces deux personnages mettent d’énergie pour vivre, malgré tout, pour atteindre ce lieu qui est la joie même d’être vivant, et peut-être ensemble.
C’est dans ce combat, si proche que celui que Philippe Gourdin a lui-même mené en d’autres circonstances, que se situe cette touchante arrivée imprévue : avoir survécu.
*Arrivée imprévue, de Philippe Gourdin. Éditons de l’Officine. En librairie depuis le 1 avril 2015.