Author Archive | Grégoire Delacourt

Dominique Pouchkine.

 

Je ne connaissais pas cette dame qui possède de forts jolis mots – par quoi donc avons-nous existé, par exemple et depuis fort longtemps (1987) ; cette fille de grande famille d’industriels dont le r du nom était alors derrière le dernier e – au temps des fonderies du Creusot (dans le Creusot), qu’elle racheta au XIXè siècle.
Je viens de finir son dernier livre (pour info, dernier ≠ ultime) avec un immense plaisir.
Il est un habile et talentueux parallèle entre l’Eugène Onéguine de Pouchkine, et la mélancolie de Viviane et de son amour brouillé depuis 30 ans, avec cet Antoine embompointé (ça c’est de moi) qu’elle retrouve… 30 ans après, à l’Opéra, (oui, oui, où l’on joue justement Eugène Onéguine).
194 pages d’une merveilleuse nostalgie, d’une colère domptée, d’illusions envolées, d’amours défaites, d’amitiés contrariées ; quelque chose de gracieux, entre une Sagan (qui conduisait alors avec des chaussures) et une Ernaux (de la famille « Les Années »).

9 may 14

Embarquement ce mois-ci, aux éditions JC Lattès.

L’enfance est un conte cruel.

7 may 14

A ce stupide et amusant jeu de cour d’école, « machin pourrait être le fils de truc et de bidule », Philippe Routier est incontestablement le fils de Georges Simenon (hors Maigret) et de Frédéric Dard (hors San Antonio).
Chacun de ses cinq romans possède cette mécanique parfaite, construite autour du destin, des douleurs et des rêves de ses personnages. Ses mots sont des clous pointus, qui parfois enferment les choses, insidieusement ; ses phrases, des chaînes qui délimitent les lieux, les réduisent savamment, jusqu’au moment où l’on retrouve face à soi-même. Il en avait fait la brillante démonstration avec un mort (Le Veilleur du Britannia, 2008), une femme battue (Noce de Verre, 2012), et le voilà qui recommence avec L’Enfant du Parc. Un roman précis, terrible, féroce et plein d’amour, sur ces pertes qui nous inondent, ces désirs qui nous dérèglent, ces enfances qui nous manquent à jamais.

Aux éditions Stock. En librairie dès ce matin, 7 mai 2014.
 Et comme demain est un jour férié, vous aurez un excellent livre à lire, au soleil… dans un parc.

Quand Frédéric Dard n’était pas San Antonio.

Il écrivait alors des romans noirs, sombres, désespérés. Des portraits à la lame de 10. Aux jets de vitriol. Des personnages terribles, à la noirceur fascinante. Des intrigues glaçantes. A travers ces Romans de la Nuit, Dard rendait aussi hommage à Charles Williams, James M. Cain, William Irish, James Hadley Chase, bref tous ceux qu’on aime. Et lorsqu’il lui arrivait (rarement) dans ces romans vénéneux, d’utiliser un mot d’argot, c’était pour créer une inoubliable image, comme celle ci : « J’allais lui tisonner la mémoire ».

1 may 14

Romans de la nuit. Editions Omnibus.
(Avec de magnifiques commentaires de Dominique Jeannerod).

Répéter les belles choses.

En décembre 2009, j’adressai un texte à Jean-Louis Fournier, le pote de Desproges, le papa d’Antivol, de la Noiraude, de la Servante du Seigneur, et de deux petits garçons déglingués, auxquels il écrivit une longue lettre d’amour, Où on va Papa ? (Prix Femina 2008). Il me téléphona quelques jours plus tard après l’avoir reçu, juste avant Noël. La suite, vous la connaissez.

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Mais il y a une suite à cette suite. Il y a plusieurs mois, une rédactrice de pub (pas pubeuse, juste talentueuse), me faisait parvenir le texte de son premier roman. Je le dévorai rapidement et tombai immédiatement sous le charme et la force de ses mots, la grâce de son histoire. Je lui téléphonai quelques jours plus tard. Voilà la suite.

25 apr 14 bis

25 apr 14 bis bis

En vente depuis le 20 mars 2014. Un immense merci à la grande Nathalie de Broc.

Hayes, Terry Hayes.

Terry Hayes est un type dont on ne connaît pas le nom et pourtant, il nous a tous, à un moment ou un autre, empêché de dormir. Calme blanc, le terrifiant petit huis clos sur un voilier avec Nicole Kidman (parfaite ; pas encore madame ni ex-madame Ton Cruise), c’est Terry Hayes. Mad Max 2, avec ce sacré Mel Gibson (avant que la bibine ne lui fasse perdre la tête, dire des énormités et frapper les gens), c’est Terry Hayes. From Hell, petite adaptation de la géniale BD éponyme, avec l’éternel jeunot (sans Botox pourtant) Johnny Depp, c’est encore Terry Hayes. Alors, le jour où ce cher Terry se met à écrire son premier roman, ça fout une grande claque. Quelque chose qui va à la vitesse d’une série télé (style 24, pas Glee) et qui laisse ko. Une histoire haletante, brillante (même si c’est encore une fois pour sauver le monde). Un bon bouquin, c’est ça aussi : un uppercut dont on se relève en grande forme.

22 apr 14

Je suis Pilgrim. En librairie depuis avril 2014.

Des bonnes nouvelles du coeur.

16 apr 14

Certains livres parfois donnent l’impression qu’on les lit en fermant les yeux ; qu’on écoute une histoire, qu’une voix chaude s’insinue doucement, distille des parfums, des odeurs, fait toucher des grains de peau, entendre des soupirs, des veines qui battent à la tempe, un cœur qui s’emballe mystérieusement. Ce sont des livres magiques, comme des tapis volants, qui nous transportent soudain loin de tout, loin de la pluie, de la politique, des portiques Ecotaxe et du caprice de Fleur Pellerin qui veut son hôtel particulier dans le VIIème. L’Art d’écouter les battements de cœur est l’un de ces livres, un petit bijou qui possède l’art de tout embellir, et de rendre l’amour fou totalement indispensable.

Disponible depuis le 26 février 2014, en France et dans vingt-quatre autres pays.

Des mots à savourer.

14 apr 14

Certes, les livres sont truffés de bons mots, mais de temps en temps, en manger, comme œufs brouillés à la truffe justement, ou coq au vin en cocotte ou salade de choux de Bruxelles (à se damner) ou gaufre moelleuse aux fruits rouges, se régaler d’une limonade maison ou d’un verre d’Auney L’Hermitage en lisant un livre, ou simplement en se délectant du goût des mots que l’on est en train de savourer, c’est aussi une émotion littéraire.

Buvette. À Paris, 28 rue Henri Monnier, 9ème. À New York, 42, Grove St, entre Bedford St et Bleecker St –West Village.

217 jours.

Je ne sais pas combien d’exemplaires de son livre Isabelle Sorente a vendu, mais, de toutes façons ce n’est pas assez. La faute sans doute à un titre curieux dont la quatrième de couverture nous apprend que « 180 jours, c’est le temps qui sépare la naissance d’un porc de sa mort à l’abattoir », à l’image incertaine d’un camion zigzaguant (il est à gauche) dans le brouillard des Ardennes belges ( ?), à ces signes qui laissent supposer une sombre histoire de trafic d’organes, de cadavres (de) cochons, de stéroïdes, bref ce genre qui ne fait pas toujours tendre la main vers un livre. Et pourtant. Pourtant, c’était l’un des plus beaux livres de la rentrée de septembre dernier. Le premier livre du XXIème siècle qui ose le bilan de notre barbarie du XXème, au travers de cette brillante métaphore porcine. C’est un immense roman sur nous. Nos noirceurs animales. Nos bestialités. Et au bout, cette lueur, même vacillante, qui éclaire nos coins d’humanité. Scott Fitzgerald disait qu’il n’y avait pas de seconde chance dans la vie, j’aimerais croire qu’il y en a une dans celles des (très) bons livres.

9 apr 14

Ce roman est paru il y a 217 jours, le 4 septembre 2013.