Author Archive | Grégoire Delacourt

J’adore les rencontres.

Comme celle-ci l’an dernier à la Foire du Livre de Paris. 
À l’issue d’une autre rencontre publique animée par Mohammed Aïssaoui, voilà que je fus abordé par une femme qui venait d’écrire un roman et me demandait si je voulais bien le lire. 
Bien sûr, répondis-je. 
Je reçus son manuscrit à New York, quelques semaines plus tard. Il était fort épais et son titre m’inquiétait un peu. Je le mis donc sur ma pile — pour plus tard. Et plus tard, justement, elle me demanda par mail si j’avais eu le temps d’y jeter un œil. 
Bien joué. 
Je me mis donc sans tarder à sa lecture et, dès les première pages, fus happé, séduit, envouté même, par son écriture brillante, lumineuse, poétique et parfaite. Tout autant que par son histoire. 
Celle d’une femme qui cherche à se retrouver après les bousculades d’un père, les errances d’une famille, les tourbillons d’une vie ; une femme qui décide enfin de s’aimer car il n’y a qu’en s’aimant que l’on peut aimer le monde. 
Et être aimée à son tour. 
Le Tube de Coolidge* est un premier roman d’une très grande beauté ; immense, comme le talent de son auteur. 
Quel bonheur, dix-huit mois plus tard de le savoir là. Vivant. Un cœur qui bat à portée de main. 

*Le tube de Coolidge, de Sonia Hanihina, chez JC Lattès. En librairie le 21 août 2024. 

Vendredi 30, samedi 31 août et dimanche 1er septembre.

Dernier salon de l’année pour Jocelyne, sans doute l’un des plus beaux, face au lac Léman, côté suisse. C’est Le livre sur les Quais, à Morges, et vous n’imaginez pas ma joie à y revenir. (En plus, on s’offrira une croisière-rencontre animée par le formidable Patrick Morier-Genoud, et ça, ça fait des souvenirs immenses).
Tout le magnifique programme ici.

Un auteur à suivre, à filocher, à traquer.

Voici un premier polar* si bien fait qu’on le croirait d’ailleurs traduit de l’américain, et s’il n’est pas encore, scénaristiquement parlant, au niveau d’un Block ou d’un Connelly, parions que Alain Decker, d’ici deux ou trois livres comptera parmi les grandes plumes polardeuses françaises.
Jours de ténèbres se lit d’une traite par la grâce de son écriture fluide, son rythme et ses ténèbres, et même si je pense que le tout aurait gagné à être resserré (mais que voulez-vous, quand on écrit un premier livre on est toujours un peu bavard), on tient là ce genre de livre haletant qui nous pousse toujours plus vite à en connaître la fin.
Le problème, comme souvent chez Harlan Coben d’ailleurs, c’est que ces histoires qui commencent sur les chapeaux de roues peinent à délivrer un final à la hauteur de leurs promesses car, franchement, les raisons qui poussent un assassin (à part ceux du génialissime Thomas Harris) à énucléer, dévorer un cœur ou coudre une bouche ne sont jamais vraiment une surprise.
Mais ce n’est pas là l’important dans un polar. C’est le chemin qui nous a fait panteler, tourner les pages en tremblant, donner envie d’être à la fin déjà et surtout ne pas y être encore, et de ce côté-là, Decker a plus que tenu la corde.

*Jours de ténèbres, de Alain Decker, aux éditions Robert Laffont, coll La bête noire. Grand Prix des Enquêteurs 2023. En librairie depuis le 14 septembre 2023.

Jeudi 15 août 2023.

Retour au Touquet qui tient une si grande place dans mon enfance et dans mes livres, dans la très belle Maison de la Presse de l’adorable Delphine Dausque. On parlera de la joie de tout ce qu’on peut faire avec 15 millions, comme acheter 2 142 857 galettes jambon fromage aux Mignardises, rue Saint Jean, ou 75 000 000 de minis Chats Bleus, toujours rue Saint-Jean, ou encore 191 ans au Westminster (sans le petit déjeuner).

Maison de la Presse La Touquetoise, à partir de 17h30.

Jeudi 1er et vendredi 2 août 2024.

Régime sec depuis une semaine. Essayage de maillots. Finalement la mode toge de Demis Roussos revient à la mode. Me voici pendant deux jours à La Baule, au jardin de la Victoire, pour la formidable aventure du Camion qui Livre du Livre de Poche. Tous les renseignements ici.

Un long voyage en mère.

Dans la dédicace qu’elle a jointe à son livre, Karine m’écrit ceci : Bienvenue à bord de Dernier bateau pour l’Amérique où s’enchevêtrent la fiction et la vrai vie, le très intime et la grande histoire ». 
La fiction, c’est ce que Karine va tenter de reconstituer de la vie de sa mère qui vient de mourir, et la vraie vie est ce qu’elle va en découvrir : cette effarante absence d’amour maternel. C’est là, dans cette lisière floue entre la réalité et la vérité qu’elle navigue avec beaucoup d’émotion et de pudeur, dans le sillage reconstitué (dont on pourrait dire d’après une histoire vraie) de sa mère.
Parlons-en, de sa mère. La guerre. La persécution contre les juifs. La fuite en bateau en Amérique. Son immense don de pianiste. Cette vie au loin qui s’ouvre, comme une promesse. Et puis le retour à Bruxelles, cette déchirure. Ce piano qui la suit, comme une ombre, une joie, une menace. Et l’amour enfin. Un goy. Un beau parleur. Un salaud. Et la chute infinie en soi.
Revenons à Karine. Une auteure qui soudain interrompt le roman qu’elle est en train d’écrire pour écrire ce livre-ci parce que sa mère vient de mourir et que le froid se fait tout à coup. Violent. Des ronces de glace. Il lui faut alors urgemment dénicher, débusquer, déterrer même, les mots qui la séparent et la relient à cette mère fantôme. 
Dernier bateau pour l’Amérique est le beau livre d’une traversée à travers un livre en train de s’écrire. Le plus difficile. Le plus douloureux.
Le livre sur la mère.

* Dernier bateau pour l’Amérique, de Karine Lambert, aux éditons La Belle Étoile. En librairie depuis le 13 mars 2024.