Author Archive | Grégoire Delacourt

Irène Frain est un roman.

Voici qu’un jour un certain M. invite Irène à animer un atelier d’écriture et qu’Irène n’écoutant que son cœur rempli de mots accepte bien volontiers et se met alors à écouter* justement les mots de son cœur. Écouter ce qu’ils disent, les mots ; ce qu’ils disent quand ils parlent ou se taisent, car le silence est parfois bavard. 
Elle ausculte alors les mots en formidable romancière qu’elle est, mais plus encore en jeune fille jamais guérie d’une curieuse mère. C’est cette curiosité intime qui anime tous ses livres, jusqu’à celui-ci où elle tente de remonter ses propres torrents d’écriture comme un saumon qui va se reproduire. Ainsi reproduit-elle les peurs de l’écriture, les doutes, les tragiques banalités et les grâces folles et si, in fine, elle persille ici et là quelques précieux conseils aux apprentis écrivains, elle partage surtout brillamment son vertige d’auteur, de femme et d’enfant jamais tout à fait guéris. Ce qui fait de sa vie le plus beau de ses romans.

*Écrire est un roman, de Irène Frain, aux éditions du Seuil. En librairie depuis le 6 octobre 2023.

Samedi 13 et dimanche 14 juillet 2024.

Granville, premier port coquiller de France. Les coquillages sont comme les livres. Approchez-les de votre oreille, vous verrez qu’ils vous parlent. Venez les écouter ce week-end, entre deux bains de soleil. 

Salon du livre de Granville, 13 juillet après-midi et 14 juillet toute la journée, Salle de Hérel. Tous les renseignements ici.

Dimanche 30 juin 2024.

C’est à la tenace passion de Carole Ravenne que l’on doit ce premier salon du livre de Saint-Germain-des-Près, « Des pages avant la plage ». Forcément très chic. Très Saint-Germain. Il sera bien agréable de rencontrer autant d’auteurs vivants sur cette place où l’on a plutôt pour habitude d’y enterrer les artistes.

En ce qui me concerne, j’ai serai le dimanche 30 de 10 à 16 heures.

Chick lit place Vendôme.

Aimée, la mère d’Agathe, meurt d’une crise cardiaque.
Agathe, 34 ans, découvre alors chez sa mère des lettres d’hommes et des bijoux.
Aimée était très aimée. 
Et très gâtée.
Les bijoux sont signés Van Cleef & Arpels et valent leur pesant de cacahuètes.
Agathe, du nom d’une pierre, cherche alors à rencontrer ces généreux amants donateurs de bijoux, espère peut-être que l’un d’eux est son père.
Elle pénètre le monde fascinant des bijoux. Celui moins fringant des hommes.
Et voilà qu’elle rencontre un bel belgo-indien.
On est alors page 228 — car tout cela prend du temps —, elle pense : « J’aimerais tant cesser d’être prudente » et, page 263, elle cesse enfin d’être prudente : « Elle presse alors finalement légèrement la main d’Ashok avant de se tourner vers lui ».
À la fin, elle a un papa, un amant, et se dit, page 285, la dernière du livre, qu’elle « est au début d’une magnifique histoire ».
Bref, à l’heure des livres militants, féministes, anti-truc et muche, Carat* est un délicieux ovni.

*Carat, de Marie Charvet, aux éditions Grasset. En librairie depuis le 3 avril 2024.

Dimanche 23 juin 2024.

Après une soirée bien arrosée de mots et de Bandol (voir ci-dessous), une grasse matinée paresseuse, de 10 h à 12 h, dans la très chaleureuse librairie Mille Paresses d’Hélène et de Pierre-Yves au Pradet.

10 à 12 heures. Librairie Mille Paresses, 201 avenue de la Première DFL, 83220 Le Pradet.

Pourquoi n’avais-je jamais lu Izzo ?

Et voilà qu’une amie lectrice m’offre la trilogie de Jean-Claude Izzo, Total Khéops, Chourmo et Soléa. À la faveur d’un déplacement à l’étranger, heures d’attente dans les aéroports, j’ouvre le premier tome * et tombe immédiatement sous le charme violent de l’écriture, l’incandescence de Marseille, l’urgence de vivre ou en tout cas de ne pas mourir. Voilà que je replonge dans tout ce que j’aimais chez Lawrence Block et plus tard chez Michael Connelly (des débuts), un vrai roman noir, roman comme dans littérature et noir comme dans âme humaine. Voilà que je découvre un héros comme on les aime, c’est-à-dire pas du tout un héros, mais un homme avec ses clopes, sa bibine, son immense amour des femmes et son incapacité bouleversante à en garder aucune, un flic qui tiendrait à la main son cœur comme une arme. Et c’est déchirant.
Quant à ceux qui préfèrent le côté policier du roman noir, il y a des meurtres pourpres et un viol bien moche, une immondice sur l’immondice des hommes.

*Total Khéops, de Jean-Claude Izzo, Folio Policier.