L’histoire de Clémence*, quinze ans, rousse, yeux vairons, qui croise le couteau et la cruelle avidité d’un prédateur. L’histoire de Clémence, quinze ans après, qui porte toujours aussi mal son prénom ; Clémence qui habite un corps qui ne (re)sent plus rien depuis la mauvaise rencontre, un corps inutile donc, et qui passe ses journées à peindre les corps sans vie en latex des real dolls, ces poupées grandeur nature, troublantes, qui enchantent les timides, les complexés, et les veufs inconsolables. L’histoire admirablement bien écrite d’une reconstruction qui passe par l’une des choses les plus difficiles au monde : l’amitié de soi. Celle là qui ouvre un jour à celle des autres. Puis d’un seul autre. On l’appelle alors l’Amour.
Oui, avec un grand A. Comme Admirable.
*Les corps inutiles, de Delphine Bertholon, éditions JC Lattès. En librairie le mercredi 4 février 2015.