Jamais l’idée de couverture n’aura été aussi juste pour un livre. Sous celle de Laurence Tardieu, qu’elle soulève doucement pour nous inviter à la rejoindre dans le lit de sa vie, elle nous raconte sa longue nuit compacte. La douleur physique : le dos, la main droite. La petite tragédie : ne plus pouvoir faire de nattes à ses filles. La grande tragédie : ne plus pouvoir écrire. Un dimanche d’automne 2011, alors que Laurence T. (c’est ainsi qu’elle choisit de se nommer dans cette chambre), alors qu’elle se tient au bord de l’abîme, le hasard la conduit au Musée du Jeu de Paume, où elle découvre l’œuvre de Diane Arbus. La rencontre en sauvera une. Entre les deux femmes (Laurence T. va avoir 40 ans, et 40 ans la séparent de Diane A.), s’installent un étonnant langage, une conjugaison de silences éloquents, une liste de points communs inattendus, d’échec amoureux semblables, deux filles, un premier amour jamais loin ; mais les relie surtout une formidable même envie de vivre dans un autre monde que le leur. Diane choisira la photo. Laurence l’écriture. Cette écriture décidée si tôt, annoncée si abruptement à son père, balayée si vite par sa mère ; cette écriture qui, après avoir failli la tuer, lui rend enfin la vie.
Une vie à soi, Laurence Tardieu, éditions Flammarion. Sortie fin août 2014.