Évidemment, on ne peut pas connaitre tout le monde (et tout le monde ne vous connaît pas non plus) mais c’est dans cette méconnaissance que se situent parfois les bonnes surprises. Ainsi ce Mathieu Malzieu, défini comme homme poétique selon le rabat de la surcouv de son nouveau livre, est le fondateur du groupe rock Dionysos, cinéaste et écrivain, et pas des moindres puisque son célèbre Journal d’un vampire en pyjama a reçu en 2016 le Grand Prix des Lectrices de ELLE et le Prix Essai de France Télévision. Donc, c’est avec une joyeuse curiosité que je me suis attaqué à son Guerrier de porcelaine*, un roman d’enfance et, plus exactement, sur l’enfance d’un père.
Voici l’histoire de Germain surnommé Mainou, 9 ans, qui franchit en juin 1944 la ligne de démarcation caché dans une charrette à foin, pour vivre jusqu’à la fin de la guerre en zone occupé chez son tonton Émile puisque sa maman vient de mourir en couches et que son papa est à la guerre. Mainou vit au rythme de la ferme, des pontes des poules, de l’indolence des deux chevaux de trait, de la menaces parfois des nazis qui patrouillent dans le coin. L’aimable poésie terrienne de l’Émile l’aide à traverser son enfance endeuillée. La jolie dame juive cachée au grenier lui provoque son premier émoi amoureux. La nuit, il écrit à sa maman dans un cahier. Et quand vient la fin de la guerre, Mainou a grandi, il sait que le mamans mortes ne reviennent pas. Ce qui n’empêche pas l’amour. Le guerrier de porcelaine possède cette fragilité des livres heureux et légèrement sucrés, ce qui n’est pas désagréable en ces temps barbares.
* Le guerrier de porcelaine, de Mathias Malzieu. Éditions Albin Michel. En librairie depuis le 12 janvier 2022.