Archive | Bouquins.

65.758 Fournier et 63.035 Dupont (en France).

16 jul 14

C’est Jean-Louis Fournier, éditeur de ce texte avec Véronique de Bure, qui a trouvé le titre. Et il l’aime beaucoup. Il faut dire, que sous l’improbable nom de l’auteur, il fonctionne parfaitement ; comme un dessin de Sempé. Tout est dit, ici, en deux phrases. Ensuite, derrière la couverture rouge, 134 pages nous racontent l’enfance d’une petite rebelle au nom long comme un jour plein de pain, de brioches et autres macarons ; qui préfère le rouge sang de la bidoche et autres charcuteries à celui des lèvres de sa mèèèèèère. Une drôle de chronique drôle sur une enfance pas comme les autres quand on est une mini châtelaine et qu’on kiffe le popu. Les rillettes. Et les animaux qui font des crottes. Un texte léger, rigolo et touchant (avec quand même une histoire vraie et triste dedans), qui m’a rappelé une autre pauvre petite fille riche, épatante elle aussi, mais au nom court cette fois, aigu et bref, comme un éternuement. Eloïse.

16 jul 14 bis

Guillemette le Vallon de la Ménodière (alias Dupont), aux éditions Stock. Éloïse, de Kay Thompson, aux éditions Gallimard. Et, comme on n’a jamais trop de Fournier : Trop, de Jean-Louis Fournier, aux éditions La Différence, en librairie depuis le 5 juin.

Quel hasard, Balthazar.

Drôle  de coïncidence, ces deux livres lus l’un après l’autre. Chez Laurence Biava comme chez Ève-Lyne Monnié, il s’agit de deux romans épistolaires qui ont pour sujet, chez la première, les mots des romanciers, chez la seconde, les mots d’une amoureuse. Toutes les deux ont la passion, la fascination de l’écriture. Les mots de leurs livres, une fois déliés, dessinent les serpents de la tentation. Chez Laurence, ça finit mal, parce que Laurence est une romanesque incorrigible. Chez Ève-Lyne, plutôt bien, parce qu’elle est une romantique indécrottable. Deux livres qu’on lit comme les lettres d’une amie qui donne de ses nouvelles, mais dont on n’a malheureusement pas l’adresse pour lui écrire qu’on l’aime.

8 jul 14

Amours Mortes, de Laurence Biava. Editions Ovadia.
L’Âme dans le vestiaire, de Ève-Lyne Monnié. Editions Les 2 Encres.
Tous deux déjà en librairie.

Ce sont les hommes qui jouent faux.

Au fond, Le Violoniste aurait pu s’appeler Le Violon. Ce deuxième roman de Mechtild Borrmann (lauréate du prestigieux Deutscher Krimipreis* en 2012, pour Rompre le silence) raconte, au travers de la disparition d’un Stradivarius, la disparition du lieu d’amour d’un couple. Puis d’une famille. Dans Les Petits chevaux de Tarquinia, Marguerite Duras écrivait qu’il n’y avait pas d’amour sans lieu d’amour. Lieu et lien, ce violon est la quête du livre ; et, à travers elle, la lutte contre la barbarie de hommes, contre la violence de la Loubianka (nous sommes, en partie, en 1948), la lutte pour notre besoin immense d’amour. Car sous l’écriture virtuose d’un grand roman noir, se cache un grand roman sur l’abandon et la perte.

4 jul 14

Editions du Masque. En librairie le 20 août 2014. Patience. Grand Prix des Lectrices de ELLE 2015, catégorie Policier.
*Prix du Meilleur roman policier.

Des nouvelles de Jocelyne et Jeanine.

La première est en Lituanie où mercerie se dit galanterija. La seconde, en Tchéquie, où elle balade son vague à l’âme.

1 jul 14

Et toujours un immense merci à Eva Bredin, voyagiste de livres.

Le corps de Fabienne.

25 jun 14

Voici un texte étonnant. Une femme (âgée sans doute) se démaquille devant son miroir. Les doigts ourlés de coton effacent les couches de mascara, de fond de teint, les couches du temps, révèlent un visage différent. Dévoilent d’autres époques où le corps s’envole, s’enroule autour d’un arbre, se « schluffen » dans les bras d’un homme ou dans la douceur turquoise d’une piscine. Le corps n’a pas, n’a plus d’âge, ce n’est pas important. Il est vieux parfois. Parfois il a quatre ans. Il file à l’arrière d’une mob. Il est immobile derrière une vitre, les yeux regardent la neige. Il croise un coréen qui fait une dissertation. On ne sait pas. Ce n’est pas important. Ah si. Il ne s’aime pas. C’est un texte impressionniste. Cubiste. Des chapitres posés là, au hasard des souvenirs, des angulosités d’une maladie qui n’est pas nommée, d’une enfance perdue dans une autre langue. La belle écriture de Fabienne est l’eau de toute cette mélancolie.

Editions Gallimard. Sortie le jeudi 28 août 2014.

Vertiges du mal.

Je sais bien que les 739.569 blogs (environ) qui parlent des livres aiment être les premiers à parler d’un livre. Mon blog, ne souhaitant pas déroger à cette règle, souhaite donc être le premier à parler d’un livre paru en… 1924 (il y a donc 90 ans –pour ceux qui préférèrent un bac philo à un bac scientifique). Lupin, donc. Père : Maurice Leblanc (1864-1941), journaliste, romancier (50 romans quand même – ça calme), conteur. Lupin ; gentleman-cambrioleur, chanté par Dutronc (mari de l’immensément belle Françoise Hardy), interprété à la télé par Descrières, Brialy et Dunoyer. Une vieille série quoi ; qui n’a rien de rien à opposer à 24, Lost, Breaking Bad ou FlashForward. Et pourtant. Oublions les images. Oublions Lupin. Revenons aux mots. La Comtesse de Cagliostro est un roman formidable, qui fait le portrait d’un gamin (Raoul d’Andresy) fiancé à une charmante jeune fille de bonne famille, et qui va soudain rencontrer le diable (la Comtesse). Elle va « l’envenimer ». Il va alors avoir à choisir entre la diaphane fiancée et la comtesse incandescente. Entre la raison et la passion. Le bien et le mal. Et c’est le mal (ouf) que d’Andresy choisira (et grâce auquel il deviendra Lupin), parce qu’au fond, il n’est jamais de grandes histoires sans d’authentiques douleurs.

22 jun 14

Ci-dessus l’exemplaire que je garde précieusement depuis trente-cinq ans. Le Livre de Poche a la bonne fortune de le ré-éditer régulièrement.

C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures histoires.

Voilà quatre fois que Jussi Adler Olsen (via Carl MØrck, son héros) nous fait le coup. Le département V est spécialisé dans les cold cases – ces vieilles histoires dont les morts restent lettres mortes. Et comme l’auteur aime autant les mots que les morts, il écrit divinement des enquêtes qui réveillent souvent le passé furieux du Danemark, les fantômes de quelques nostalgiques d’un temps qui fait encore froid dans le dos, et rivalise magnifiquement avec les Block, les Connelly et autres Carrisi. Après Miséricorde (Grand Prix des Lectrices de ELLE), Profanation et Délivrance (non, non, pas celui avec la scène « fais-le cochon » sur un  petit air flippant de banjo), voici Dossier 64. Six cents pages dans lesquelles plonger (à la plage) pour qui aime les grands divertissements policiers.

17 jun 14

Editions Albin Michel. Déjà en librairie.

Dans Sophie Simon, il y a Simon.

Je me souviens de ma première rencontre avec Sophie. Elle présentait son livre aux représentants (qui allaient devoir à leur tour le présenter aux libraires, avec cent autres). Je lui avais alors demandé si elle était contente de son texte et elle avait souri (ce qu’elle n’a pas de plus vilain). Puis, elle m’avait simplement répondu oui. Oui. C’était un oui modeste. Un oui du cœur. Un oui peureux encore. Un oui de maman qui ouvre les bras et laisse son petit partir, pour la première fois. Elle avait raison. Gary tout seul est un formidable roman – américain – d’hommes (le côté Simon, de Sophie sans doute). Un roman sur l’amitié. Sur la peur d’être un homme justement. Un roman sur les parents qui disparaissent, reviennent, se collent, vous bouffent. Un roman sur l’envie de plaire, de réussir, jusqu’à en payer le prix fort, jusqu’à revenir enfin au prix juste. L’estime de soi. La reconnaissance de l’autre.

6 jun 14

Editions JC Lattès. En librairie et ailleurs depuis avril 2014.