Claire Keegan écrit des nouvelles et des récits. Certaines de ses nouvelles sont si belles qu’elles sont éditées seules, dans des petits livres de 60 pages, comme la plus récente, Misogynie, parue en mai chez Sabine Wespieser. Et des récits si beaux, qu’ils connaissent le même sort en 120 pages, à l’instar de Ce genre de petites choses, depuis avril au Livre de Poche. Un point, avant d’aller plus loin, « récit » est ici, précise l’autrice dans un bref addendum page 129, « une œuvre de fiction dont aucune partie n’est fondée sur une ou des personnes précises ». Et c’est bien dommage tant j’aurais aimé que le héros de ce récit, Bill Furlong, existât.
Le voilà donc, ce Bill Furlong, père de 5 filles et marchand de bois et de charbon en ce Noël 1985 à livrer ses précieux combustibles et observer l’alentour avec une bouleversante bienveillance. Un jour, alors qu’il livre le couvent voisin où des jeunes filles travaillent à la blanchisserie, il découvre une part sombre du monde. Mais l’homme n’est ni Superman ni Bruce Willis, il est juste ce que l’homme a de meilleur : l’homme. Et c’est tout naturellement, dans un silence de neige, qu’il tente de sauver l’une d’elles. « Il en vint, écrit Keegan page 115, à se demander à quoi bon être en vie si l’on ne s’entraidait pas ». Voilà. C’est tout. C’est ça, ce genre de petites choses. C’est immense.
*Ce genre de petites choses, de Claire Keegan. Chez Sabine Wespieser puis au Livre de Poche depuis le 27 avril 2022.