
Avec ce premier roman, et avec élégance, Aurélie Dye-Pellisson nous raconte l’émigration d’un frère et d’une sœur partant rejoindre leurs frères aînés en Californie. On est à l’aube du vingtième siècle et l’Amérique est alors un rêve d’indépendance et un espoir de réussite ; une poursuite du bonheur. Bien sûr, et c’est là la trajectoire habile de ce roman, rien n’est jamais comme dans les cartes postales ou les livres : les décors sont parfois trompeurs et l’amour roublard, souvent cruel. Il y aura donc des trahisons, des déceptions et quelques sévères engloutissements.
Mais le plus touchant dans cette vaste aventure qui nous mène de Champsaur à San Francisco jusqu’au Yukon, c’est celle que semble accomplir Aurélie elle-même à travers son personnage de Zélie — à savoir un voyage vers l’écriture.
Car c’est vers cela que tend tout le livre : la naissance d’une écrivaine, comme d’aucuns vécurent « la naissance d’une nation ». Une naissance ici sans cri, « Les mots ne font pas de bruit en venant au monde », écrit-elle page 57, une naissance comme une évidence, comme une source joyeuse, « Rien ne se dérobe aux mots » ajoute-t-elle page 184, dans un soupir qui ressemble à la liberté enfin conquise.
Avec Ce que l’océan ne dira jamais, Aurélie-Zélie chante son amour de la littérature et nous invite à assister, heureux, à son abordage d’une terre sillonnée de si jolis mots qu’elle nous promet bien d’autres passionnants voyages d’écrivain.
*Ce que l’océan ne dira jamais, d’Aurélie Dye-Pellisson, aux éditions Héloïse d’Ormesson. En librairie le 13 mars 2025.