Voici un titre formidable. Non parce qu’il porte le prénom de l’une de mes filles, mais qu’il est une promesse d’intime. De rareté. Et, chemin faisant, de défloraison puisqu’il n’est de plaisir sans chute.
Ce qui plaisait à Blanche est un roman à la croisée de Stendhal et du Eyes Wide Shut de Kubrick, une extrême élégance stylistique mâtinée d’une perversion triste car Blanche n’aime rien moins que de se faire prendre par une ribambelle d’affamé(e)s lors de luxueuses orgies, de préférence sous le regard désenchanté d’un témoin.
Si, dans le film de Kubrick, les mêmes scènes où les personnages étaient masqués (non, non, pas à cause du Covid-19) et éclairés à la bougie, frisaient avec, au pire le ridicule, au mieux l’ennui, Enthoven parvient ici à déjouer les pièges de ces orgies par la grâce d’une langue flamboyante : celle d’un nostalgique de ce que fut la littérature française (pas pour rien d’ailleurs qu’il fut un moment sur la liste du Prix de l’académie) et à laquelle, non sans jubilation, il rend moult hommages malicieux. On y croise Aragon. On y croise la Mort.
Et c’est là Ce qui plaisait à Grégoire.
Quant au reste, à savoir le récit de ce riche héritier (toujours un peu ennuyeux, le riche héritier) qui tombe amoureux de cette Blanche flamboyante, perverse, menteuse, lâche, désespérée, orgiaque et veuve (toujours un peu désespérée, la veuve), jusqu’à en devenir son petit chien, je laisse à chacun le soin d’y découvrir ce qui lui plaira.
*Ce qui plaisait à Blanche, de Jean-Paul Enthoven. Éditions Grasset. En librairie (en commandez et retirez) et en ligne depuis le 26 août 2020.
Peinture d’Octave Tassaert, La femme damnée (1850) – dont il est question dans le livre (page 83).