C’est où, le Nord ? *, c’est l’histoire d’une fille qui perd la boussole quand elle perd son mec.
Elle (Ella, 24 ans) est pour la première fois professeur de français dans un collège catholique parisien ; lui (Victor), ébéniste dans un petit atelier. Il se fait virer, retourne dans son Dunkerque natal (son carnaval, sa pétrochimie en bord de mer, Gravelines, ses 168 jours de pluie annuels), sans elle. Et la voilà toute déboussolée, d’autant qu’il se passe de drôles de choses dans son pieux collège : elle reçoit des santons de Provence curieusement mutilés. Et un jour, un prof se suicide.
Désaimantée, désamantée, Ella va croiser tout ce qui existe comme possibilités d’amour, tout essayer : hétérosexuelle (qu’elle pratiquait jusqu’ici avec son Victor, « les grands bras de Victor, son ventre contre mon dos, le lobe de son oreille, l’intérieur de ses cuisses » – page 84), homosexuelle (« Klaus, devine combien j’ai eu d’orgasmes cette nuit ? » – page 215 ; notez que Klaus est un poisson rouge handicapé), pansexuelle (« Mec ou fille, c’est pareil » – page 237, et graysexuelle (« un « entre-deux magique entre l’asexualité et la sexualité. », selon un certain Jared –qui n’est pas dans le roman).
Et, finalement, découvrir que la jouissance ne se trouve pas seulement dans les bras de quelqu’un.
Désorientée, Ella va essayer de résoudre l’énigme des santons et du suicide, pour découvrir que l’amour peut faire mal, et que, là où il devait donner la vie, il peut la détruire.
Bref, Ella grandit d’un coup.
C’est où, le Nord ? est un premier roman d’une jeune prof de 24 ans (tiens, tiens), écrit dans la bonne humeur et l’insouciance qu’on a à 24 ans, le « manifeste d’une gamine d’aujourd’hui » écrit Katherine Pancol dans sa préface très enthousiaste, et qui laisse penser que Sarah Maeght a d’autres histoires de fille sous le pied, et qu’elle devrait continuer à nous enchanter longtemps.
*C’est où, le Nord, de Sarah Maeght. Éditions Albin Michel. En librairie depuis avril 2016.