C’est une femme tout à fait charmante qui m’a fait la joie de m’offrir votre dernier roman, Des jours sauvages* et, partant, donné envie de vous connaître un peu, moi l’impénitent sauvage qui ne vous savais pas. Ainsi votre prénom signifie Xavier en basque. Vous avez grandi à Bayonne. Étudié au Lycée français de Londres. Henri IV. Puis Normale Sup. Vous avez réalisé 3 courts métrages, 3 longs métrages et publié 10 livres, dont celui-ci. Mais surtout vous n’avez que 42 ans. Veinard. Imaginez donc ma joie à me plonger dans votre roman, d’autant que la quatrième, fort bien troussée, fait écho à la petite tragédie mondiale du moment et promet une aventure digne du remarquable Cast Away de Zemeckis ou de l’impressionnant chef d’œuvre de William Golding.
J’ai donc suivi vos très nombreux Robinson sur leur île. J’ai assisté à la guerre des deux clans. Les partants. Les restants. J’ai observé les trahisons. Vu les corps s’amoindrir. La fatigue creuser les joues. Et puis j’ai du prendre ma machette pour me faire un chemin dans la forêt touffue de vos mots. Je me suis perdu sur quelques sentiers. Je n’ai jamais vu le ciel. Pas senti le sel de la mer. J’ai écouté battre les cœurs. En vain. Je devenais sourd. J’étouffais. Je ne voyais plus clair. Et à la page 135, j’ai reposé votre livre en me demandant pourquoi je n’arrivais pas à rester dedans (quel idiot, ai-je pensé de moi car j’en étais à exactement la moitié et on n’abandonne pas à la moitié d’un chemin). Ce n’est pas à cause votre histoire, elle est épatante. Pas de votre écriture, elle est puissante. Peut-être est-ce le contexte du monde d’aujourd’hui. Le confinement, l’étouffement – une île est aussi une prison. J’avais envie d’évasions, je crois. D’avoir peur pour vos personnages. De les aimer. De trembler. D’être l’un d’eux. Et puis non. Je ne les ressentais pas. Alors j’ai posé votre livre, là. Il reste ouvert à la page 135. J’attends un jour meilleur pour le reprendre, je vous le promets. Un jour de liberté.
*Des jours sauvages, de Xabi Molia. Éditions du Seuil, coll. Fiction & Cie. En librairie depuis le 20 août 2020.