Franck Courtès m’avait bluffé avec son livre de nouvelles Autorisation de pratiquer la course à pied et autres échappées. J’avais même pris quelques minutes de « mon temps » chez François Busnel pour en parler. Le voilà qui revient avec un roman sur lui, sur ses chemins, ses lacs, ses pêches, ses femmes ; sur nous aussi, sur nos pertes, nos fantômes, nos joies, nos douleurs, nos rires. Et nos femmes. Un livre ample, généreux, qui sent à la fois la terre des hommes et le parfum de celles qu’ils aiment. Une histoire d’« adieux qui s’éternisent » comme l’écrivait Follain. Un livre qu’on referme comme l’album photo de la vie d’un autre, en se rendant compte que si, au départ, on n’en avait a priori pas grand chose à faire (de l’autre), il nous manque déjà.
Je ne connaissais pas Eric Paradisi. Maintenant oui. J’aimerais juste le serrer dans mes bras. Le remercier pour le livre de son amour pour elle. Flor, je crois, Flora, qu’importe. Elle, qui lui parle de l’au-delà puisqu’ici, sur cette terre, dans cet appartement, sur ce canapé, son corps a brûlé à cause d’une putain de prise multiple, d’un plaid qui dégageait du monoxyde de carbone en se consumant. C’est une vraie histoire vraie, mâtinée des nécessaires mensonges des survivants. C’est plus qu’un livre. C’est un chant. Un chant d’amour. Avec des notes de douleur. Des accords de brûlures. Un cri de nouveau-né. Une humanité foudroyante.
Toute ressemblance avec le père, de Franck Courtès et Blond Cendré d’Éric Paradisi. Tous deux chez Lattès. En librairie le 28 août 2014.