Le point de départ des Crayons de couleur* est absolument formidable.
Un jour, toutes les couleurs disparaissent. Le monde devient soudain en noir et blanc. Une banane jaune est gris béton. Un ciel bleu, gris titanium. Une rose rose, gris alpaga. Les saveurs semblent se modifier — car une banane gris béton ne peut pas posséder celle d’une banane jaune beurre frais.
Je pensai alors à ces merveilles de scénarios que sont Tête d’horloge ou C’est arrivé demain et me lançai allègrement dans ce roman. Mais voilà que très vite il tourne au conte pour (grands) enfants ; d’ailleurs, précise l’auteur dans ses remerciements, sa fille l’a adooooooré (sic), qu’il y a des méchants qui ressemblent à Jasper et Horace, les compères de Cruella d’Enfer, qui veulent voler les seuls dessins en couleur que fait une petite fille avec les derniers crayons de couleur fabriqués par une usine qui vient de mettre la clé sous la porte ; et toute cette histoire pétrie de bons sentiments et de personnages en rédemption, tourne au Walt Disney, certes réussi — référence qu’assume parfaitement Jean-Gabriel Causse puisqu’il termine son conte avec cette citation du grand Walt : « Rêve ta vie en couleurs, c’est le secret du bonheur ». Un livre, donc, que je vous recommande à moitié. La première pour son idée géniale. Ou la seconde pour son côté dessin animé.
*Les crayons de couleur, de Jean-Gabriel Causse. Aux éditions Flammarion (2017) puis J’ai Lu (2018).