Voici un court roman* furieux, plein de violences, de sexe, de sperme, de chaleur, d’alcool, de légionnaires, de prostituées de douze ans pour un biscuit, de dix-sept pour un biffeton, un roman finalement plein d’une poésie brûlante comme le soleil du désert éthiopien – celui qui dépèce les braves qui le bravent.
Avec une écriture tumultueuse, comme un fleuve dans le désert, Pierre Deram nous entraine au cœur d’une seule nuit, la dernière nuit que traverse à Djibouti Markus, lieutenant dans la Légion, après des années passées à être « [des] soldats, les frères des petites filles, la fratrie innocente qui porte la violence et la beauté » ; « une nuit comme on n’en vit pas depuis cent mille nuits », aurait pu chanter Reggiani ; une nuit où les loups sont de sortie et révèlent la pâleur perdue des enfants que nous avons tous été, avant de grandir, avant d’avilir le monde, d’amplifier les vides.
Djibouti est un roman nerveux, implacable, qui plonge dans la mélancolie des hommes – ce poison qui, s’il est douloureux, n’est pas mortel, mais dont on ne se remet jamais tout à fait. Vous voilà prévenus.
*Djibouti, de Pierre Deram. Éditions Buchet-Chastel. En librairie.