Vingt ans après l’avoir écrit (et sans doute plusieurs fois réécrit), Léonora Miano nous fait découvrir son premier roman* qui, comme bien souvent avec les premiers romans, s’inspire de sa propre vie, en l’occurrence cette période où, à 23 ans, jeune maman sans domicile ni titre de séjour, elle se retrouve en centre d’hébergement d’urgence à Paris.
Et oui, il y a dans ces pages toutes les choses magnifiques et sordides que l’on peut attendre d’un tel récit, toutes les émotions, toutes les colères qui valent leur pesant d’humanité.
Mais là où le livre a un singulier écho avec le monde d’aujourd’hui (décidément bien immobile dans son rapport à l’autre), c’est qu’à l’heure où Mr. Macron s’en va par ses chemins mémoriels de l’Afrique, faisant mille grandes déclarations à son habitude, il tient là, dans ses pages, un authentique témoignage de nos ratages français. Page 78, Léonora écrit à propos de la France : Je déteste qu’ils nous aient menti. Qu’ils se soient présentés à nous comme s’ils étaient meilleurs. Je déteste qu’ils nous donnent des leçons. Dans ce pays, tout le monde n’est pas raffiné. Tout le monde n’est pas lettré. Tout le monde ne parle pas le français. Tout le monde n’est pas libre et égal. (…). Je déteste que nous ayons été faibles. Que nous nous soyons laissé subjuguer au point de ne plus croire en nous. Ils ne sont pas assez grands pour qu’on leur ait fait cadeau d’un morceau de notre âme. Ils ne savent même pas ce qu’ils nous ont pris.
Mais je reste convaincu, comme Léonora, que nous sommes tous faits de ces poussières d’étoiles (Stardust) qui permettront à chacun, un jour, de briller de sa propre lumière
*Stardust, de Léonora Miano, aux éditions Grasset. En librairie le 31 août 2022.