Voici un texte étonnant, avec beaucoup de jolis mots pour décrire une toute petite île, l’Islande – dont on raconte qu’elle est habitée par des marins pas marrants en son pourtour et des éleveurs pas rigolos en son centre. Et comme sur toutes les îles, de surcroît lorsque menace un volcan, les langues se délient sans qu’il soit besoin de poser des questions, les potins deviennent histoires, les histoires vérité, et les vérités drames.
Arrive un étranger. Un vulcanologue chilien qui fuit l’amour d’une certaine Maria, possessive comme certaines amoureuses à fleur de peau, qui fuit les fantômes de son enfance orpheline à Santiago, et débarque sur l’île pour en étudier le volcan qui gronde.
Mais voilà. Comme dans tout conte qui se respecte, les routes sont semées d’embûches et pavées de bonnes intentions : une femme malheureuse, Thórunn, une adolescente rebelle, Hanna, évadée d’une sorte de pensionnat qui n’a pas été sans me rappeler quelques décors de The Magdalene Sisters, des tentations, des bastons d’homme, des lâchetés d’hommes, des ivrogneries aimables, des moutons, des odeurs entêtantes de poissons et, à l’arrivée, roman initiatique oblige, la découverte de soi, aussi explosive qu’un volcan qui laisse une terre féconde sur laquelle un marin échoué peut enfin lâcher l’ancre.
*Un marin chilien, d’Agnès Mathieu-Daudé. Éditions Gallimard. En librairie depuis le 7 janvier 2016.