« Un premier roman » nous précise, en orange fluo, le bandeau de couverture. Mais le onzième livre de son auteur. C’est dire qu’au rayon des mots (et des dessins puisqu’elle est auteure de bédé), elle en connaît un rayon.
La voici qui délaisse, le temps de 113 pages, son cayon de papier pour un clavier ou un stylo bille et nous offre Du même bois, un roman écrit comme on dessine, dessiné comme on croque, croqué comme on broie. Car chez Marion Fayolle l’écriture est avant tout une langue, celle de ses personnages, fermiers de génération en génération, tous faits du même bois, des mêmes mots, de la même façon de regarder le monde — celui qui s’arrête à l’enclos, celui qui s’éclaire parfois des lampions du même bal et se réveille aux même beuglements de génisses. Une langue imagée (logique quand on est dessinatrice), haute en couleur, capable de merveilles absolues, belles comme des tableaux. Il y a quelque chose de sublimement désespéré dans ce bref roman — de ce désespoir poétique qui fait de chaque brin de lumière la vie même, comme les champs d’un certain van Gogh ou les ciels d’un certain Turner.
*Du même bois, de Marion Fayolle. Éditions Gallimard. En librairie depuis le 4 janvier 2024. Prix Marcel Pagnol 2024.