Voici un livre dont on récemment beaucoup parlé et qui tombe pile au moment où Bruxelles refuse la fusion Alstom-Siemens. Car il s’agit, dans Le Piège américain*, des forfanteries d’Alstom et de l’histoire vraie de l’un de ses cadres, emprisonné à sa descente d’avion – comme un certain DSK qui le fut pour des raisons autrement sordides et dont les hommes ne semblent toujours pas guéris. À sa descente d’avion donc, Frédéric Pierucci est arrêté et emprisonné et le récit démarre comme un Grisham grand cru. Rythme. Rebondissements. Et surtout ce poison qui se diffuse au travers des mots qui feraient office de patchs : l’injustice à l’état pur, et on pense aussitôt à toutes ces histoires de faux-coupable (dont le formidable Le faux coupable, justement, du grand Alfred). Et passent les pages et la tension ne retombe pas (bravo aux auteurs) et deux choses pointent le bout de leur nez. Un, l’immense saloperie d’Alstom et de son P-D.G Patric Kron qui préfère sacrifier ses gars et la boite plutôt que de risquer la tôle pour corruption avant d’être remercié avec des millions d’euros dans les fouilles, ben voyons. Et deux, le doute raisonnable quant à l’innocence virginale de l’auteur, car si je sais bien qu’il existe des erreurs judiciaires, on n’enferme quand même pas un honnête cadre français deux ans dans une prison américaine. À l’arrivée, un bouquin comme un thriller qui ne fait pas honneur aux grosses entreprises ni à leurs boss. (L’affaire Ghosn, et je respecte la présomption d’innocence, pue quand même des pieds, elle aussi).
*Le piège américain, L’otage de la plus grande entreprise de déstabilisation économique témoigne, de Frédéric Pierucci et Matthieu Aron. Éditons Lattès. En librairie depuis le 16 janvier 2019.