On se demande toujours ce que deviennent les amis écrivains en ces temps incertains de confinement, couvre-feu, restrictions, librairies fermées, masques sur la gueule, resto interdits, voyages reportés, espérances limitées. Certains, ai-je appris, n’ont plus la niaque pour écrire. L’imagination s’est carapatée, les murs ont poussé et caché l’horizon. Il ne semble pas que ce soit le cas de Frank. Le revoici avec un livre de six longues nouvelles toutes plus formidables que les autres (même si j’ai un faible pour La notification,page 91) ; des histoires qui ont la particularité de toutes se passer dans un train ou pas loin, et de dérailler un peu, beaucoup, passionnément, comme dans la vraie vie. L’écriture de Frank s’est faite ici précise et envoûtante, comme un trajet en Orient-Express : pas de gras, pas de mots de travers ni d’inutiles fioritures. Le luxe des mots à l’état pur. Achetez vite votre billet. 16 euros pour six voyages inoubliables, émouvants, cruels parfois, c’est donné.
*Lorsque la vie déraille, nouvelles, de Frank Andriat. Éditions Quadrature (dont je salue au passage le fantastique travail qu’ils font pour défendre les nouvelles de langue française). En librairie depuis le 10 février 2021.