Il y a du Kay Thompson (la maman de la série Éloise) et du P.G. Woodhouse (le papa de la série Jeeves) chez Olivier Bourdeaut – comme eux, il possède cet art, ce jouissif génie anglo-saxon à se moquer des choses alors qu’on les aime et à rire de tout parce que tout vous fait pleurer.
Comme ses illustres aînés, Bourdeaut utilise son don inouï des mots pour décrire avec une grâce, une légèreté et un esprit sans pareils ce qui ressemblerait, pour chacun de nous, à l’idée de l’horreur : une mère qui, jour après jour, sombre dans la folie. Une mère aimée. Une mère aimante. Une femme qui demande à changer de prénom chaque jour. Une femme, appelons-la Louise, Charlotte, Mireille, Thérèse, Aimée, aimée par un homme aussi fou qu’elle, un homme fou d’amour et de sa fureur de vivre, cette folie qui rend la folie si belle, si désinvolte et au fond, si indispensable.
C’est cet amour-là, improbable, foutraque et magnifique, que nous offre à découvrir leur fils Olivier – parce qu’il a écrit en exergue de son livre qu’il était son histoire vraie avec des mensonges à l’endroit et des vérités à l’envers, je ne sais plus exactement, que je considère que tout y est vrai, absolument tout, Monsieur Ordure, le kidnapping digne des Pieds Nickelés, et même cet oiseau de bonheur baptisé Mademoiselle Superfétatoire –.
En attendant Bojangles* (titre inspiré par la chanson « Mr. Bojangles », interprétée par Nina Simone, écrite par Jerry Jeff Walker, – que j’avais découverte, quant à moi, chantée par Neil Diamond –, est cent fois plus qu’un livre.
Il est la vie que tout fils devrait avoir.
*En attendant Bojangles, d’Olivier Bourdeaut. Éditions Finitude. En librairie (et dans les bacs) depuis le 7 janvier 2016.