Exercices de style.

Alors qu’il est ministre des finances, VGE aurait reçu des diamants de grande valeur de la part du président à vie de Centrafrique JJB. Plus tard, lorsque VGE devient président à la place du président et qu’il fait renverser JJB, l’affaire des diamants sort dans le Canard enchaîné (qui, au passage voit ses ventes monter à plus de 800.000 exemplaires) et sera, dit-on, à l’origine de la défaite de 1981. 
Quand parait l’affaire, le président se tait. Il gardera le silence pendant 49 jours et la France bruissera alors d’hypothèses — c’est avant l’heure des réseaux sociaux, on est donc au niveau du Café du commerce.
Bref.
Pauline Dreyfus, dont on connaît la plume précise, virevoltante et parfois coupante s’empare de cette affaire pour nous portraiturer douze personnages tous traversés de près ou de loin par cette affaire et s’en donne à cœur joie dans cette peinture de la France giscardienne, avec son lot d’excentricités bourgeoises, décadentes et monarchiques (déjà, tiens, tiens). 
Le Président se tait est construit à la manière de La Ronde de Schnitzler (fort joliment adaptée par Ophuls pour le grand écran) où un personnage conduit à un autre qui conduit à un autre, etc, pour revenir à celui du départ. C’est là l’occasion rêvée pour Pauline, à l’instar d’une portraitiste ou d’une nouvelliste, de se livrer à douze exercices de style qui montrent l’étendue du sien, car de l’affaire des diamants, elle n’a finalement, comme nous tous aujourd’hui, assez peu à faire, puisque le silence est resté de mise.

*Le Président se tait, de Pauline Dreyfus. Chez Grasset. En librairie depuis le 17 août 2022. (Petite note qui n’a rien à voir avec le livre. Ah, si le Président pouvait parfois s’inspirer du titre).
Petit addendum à cette chronique. Pauline qui est décidément vraiment amusante se fend même d’un petit clin d’oeil à PPDA, page 214. Le voici: