Un an après le virtuose Disparaître, revoici Mathieu Menegaux avec un implacable Femmes en colère (qu’on aurait d’ailleurs pu écrire au pluriel tant elles sont nombreuses) qui raconte la journée de délibérés d’un jury d’assises qui a à décider de la condamnation et de la peine de Mathilde Collignon. Après avoir été une victime elle-même, et pas des moindres, Mathilde Collignon s’est sérieusement vengée de ses deux tourmenteurs (ah la fabuleuse description de sa vengeance !). Le débat est tout de suite posé. A-t-on le droit de se faire justice soi-même (surtout quand elle fait si peu son travail) ? Peut-on juger pour réparer et non pas seulement condamner ? L’époque des Weinstein, #MeToo et autres influe-t-elle la façon même de penser le mal ? Et enfin, peut-on se servir de la justice pour être juste ? À toutes ces questions, Mathieu apporte des éléments de réponses intelligentes dans un style littéraire d’une précision, d’une élégance et d’une efficacité hors pair (Prends garde, Grisham). Last but not least, tout cela au travers d’un suspens formidable (je n’ai pas pu ne pas le lire d’une traître) assaisonné d’un final digne des plus grands rebondissements de cinéma comme l’aime tant Mathieu. In fine, un portrait de femme inoubliable (et espérons-le, bientôt un sacré film) comme il en a le secret depuis l’invention de Claire, l’héroïne de Je me suis tue et qui interpelle remarquablement les hommes d’aujourd’hui. Verdict, brillantissime.
*Femmes en colère, de Mathieu Menegaux. Éditions Grasset. En librairie depuis le 3 mars 2021.