Lectures à la plage. Avec Grisham, une chose est sûre et tout à fait confortable : le monde ne change pas, on reste agréablement installé dans les années 90 – avant la mode du polar nordique, le déferlement des polars polycopiés à la Coben, ou des derniers Connelly, ou encore des page turner grandement inspirés des séries télés policières. La grande nouveauté chez Grisham, c’est qu’il y a désormais des téléphones portables (dans L’Informateur*, on trouve encore des Blackberry sécurisés) et des Prius. À part cela, on reste dans l’ambiance de ce qui fit son succès : des héros à l’idéalisme suranné, des blessés de la vie qui se battent pour un monde plus juste, des enquêtes précises, laborieuses, humaines (loin de l’hystérie grandgignolesque d’un Jack Bauer), des méchants méchants, des victimes collatérales, comme dans la vraie vie, et toujours, au cœur du sujet, la trahison de ceux qui ont le pouvoir – ici, un juge. L’Informateur est un épatant bouquin d’été qui se lit comme on lisait La Firme à l’époque, ou L’Affaire pélican, qui prend le temps de nous balader et c’est justement dans ce temps que se trouve la petite musique grishamienne. Et puis, au hasard des pages, on y retrouve des ambiances à la Sydney Pollack, à la Alan J. Pakula, bref, tout ce qu’on a aimé et qui ne meurt pas.
*L’Informateur, de John Grisham. Traduction de Dominique Defert. Éditions JC Lattès. En librairie depuis le 8 juillet 2017.