C’est au Salon du Livre de Limoges, en mai, que j’ai rencontré Lolita Pille et que j’ai découvert que j’avais raté un phénomène littéraire*, cette « première autofiction de l’auteure, nous écrit Libé, qui démarra avec fracas à 19 ans, en 2002 ». Le livre, poursuit l’article (comme dans « faire l’article ») se vendit à 38.000 exemplaires et 280.000 en poche** avant que Lolita ne disparaisse. Elle réapparaissait donc à Limoges pour présenter son nouveau texte qui revient semble-t-il sur ce fameux Hell. Mais c’est l’ancien que j’ai eu envie de lire. Celui de celle qui se définissait alors comme une pétasse bourgeoise présentement là pour faire chier le quidam, le plouc des pavillons, propriétaire d’un labrador et d’une Scénic, le beauf splendide. Donc, oui, dans le livre, la pétasse s’habille clinquant, brillant et très riche. Elle sort toutes les nuits dans les boites où on croise les mêmes qu’elle, qu’on retrouvera vieux un jour, s’ils sont restés vivants, chez Ardisson. Elle picole, sniffe, couche avec tout ce qui passe, dégueule ses spiritueux et sa poudre dans des draps de soie, se couche à l’heure où les autres se lèvent, dépense l’argent des parents, ne bosse surtout pas, boit à midi un cocktail détox avant de s’envoyer un trait, chante sa vie de flambeuse et se retrouve finalement seule, seule comme pétasse, seule comme inutile, seule comme rien. Elle rencontre alors le Prince Charmant, le même qu’elle mais en mec et qui roule en Porsche GT3. Les deux s’aiment, rêvent d’en finir avec toutes ces merdes mais se ratent.
En fait le génie de Hell c’est d’avoir fait un vrai roman d’amour, au sens de romance, mais de l’avoir habillé en Prada et remplacé le Canderel par de la coke.
*Hell, de Lolita Pille. Au Livre de poche depuis le 7 janvier 2004. Auparavant publié chez Grasset. Adapté au cinéma par Bruno Chiche en 2006.
**150.000 selon le site du Livre de Poche. Va savoir.
Nota bene pour les puristes. N’ayant pas de Serpico 21 sous la main, je me suis permis cette trahison au Strevia.