Voici un livre* à la trajectoire éblouissante. Finaliste du Goncourt 2020 (dont les rumeurs penchent plutôt du côté de Gallimard qui trépigne depuis quatre ans) et finaliste du Grand Prix de l’Académie française (dont les mêmes rumeurs le destinent cette fois à Montety ex-Gallimard passé chez Stock). Deux grandes finales, ce n’est pas rien.
Il ne m’en fallait pas plus pour m’empresser de découvrir cet Historiographe du royaume, un roman (dit-on) sur le règne du roi Hassan II raconté par un compagnon de classe qui (dit-il) fut « en grâce autant qu’en disgrâce » car à fréquenter de trop près le souverain on prend le risque d’en connaître ce qu’il ne faut pas. Mais au-delà de l’histoire fort bien renseignée, documentée et passionnante, c’est le style de Renouard qui impressionne. Une écriture d’une très grande maîtrise (j’aurais du écouter en cours de français, être davantage attentif aux leçons de grammaire). Mais ce qui m’a botté (un mot qu’on ne trouvera pas chez lui), c’est cette fantaisie qui surgit parfois là où on ne l’attend pas. Ainsi les magnifiques pages décrivant la tentative de coup d’état contre le Roi (page 131 et suivantes) sont dignes des plus grands feuillets d’Albert Cohen et de ses Valeureux et lorsque la « belle » littérature rejoint la fantaisie, on touche alors au merveilleux. Et ça, ça mérite vraiment un Prix littéraire. Mais les Prix…
*L’historiographe du royaume, de Maël Renouard. Éditions Grasset. En vente depuis le 2 septembre 2020. Pour le fun, comme on dit, d’autres aventures truculentes de l’auteur ici.