Je suis Théo.

Vigan 2.pg

Les loyautés, écrit-elle page 7, ce sont des liens invisibles qui nous attachent aux autres – aux morts comme aux vivants –, ce sont des promesses que nous avons murmurées et dont nous ignorons l’écho (…). Dans son nouveau roman, Delphine de Vigan trace ces fameux liens invisibles, ceux qui connectent deux gamins d’une douzaine d’années, la mère de l’un d’eux, leur professeur, le père de l’autre et quelques ombres. Tous ceux qui nous conduisent au cœur même de ceux que nous croyons connaître, au lieu même des trahisons et des perditions.
Je ne veux pas dévoiler le fil de l’histoire, juste vous dire ceci.
Delphine nous offre un roman triste et beau (j’ai toujours pensé que les deux étaient liés, d’une certaine façon), dont la construction et le rythme donnent à l’ensemble un air de scénario de cinéma ; un de ces chagrins qu’on a envie d’embrasser bien que l’on sache déjà qu’il nous échappera, comme du sable ; une de ces douleurs que l’on voudrait faire disparaître (mais comme cela est impossible, c’est soi que l’on cherchera à faire disparaître, comme toujours).
Sa tendresse d’auteur pour les jeunes adolescents, et sans doute de femme, et sans doute de mère – souvenez-vous de No et moi** –, lui permet de faire le portrait inoubliable de l’un d’eux, Théo. Théo qui, à lui seul, recèle toutes nos frayeurs d’enfance, nos immenses espérances aussi.
Tout ce qui fut nous.
Alors oui, je suis Théo.
Et je ne suis plus seul.

*Les Loyautés, de Delphine de Vigan. Éditions Lattès. En librairie le 3 janvier 2018.
**No et moi. Le Livre de poche, depuis le 11 mars 2009.