Bien que ce soit le titre d’un épatant roman policier du grand Lawrence Block, paru en France en 1994* (deux ans après l’inoubliable Une danse aux abattoirs), il aurait très bien pu être celui du nouveau livre de Thierry Clermont**, qui nous invite, lui, à une balade moins violente, mélancolique même, entre les tombes de San Michele, l’île cimetière de Venise, en compagnie d’une certaine Flore. Comme il s’agit ici d’un récit, on y croise certains morts illustres, comme Stravinsky, Diaghilev, Aragon (qui faillit mourir sur la Sérénissime), D’Annunzio et tant d’autres –poètes oubliés, suicidés, jusqu’à cette Flore qui ( …) gisait dans son sang. Elle s’était fracassée le crâne à coups de marteau, après avoir ingurgité un mélange de rhum et d’antidépresseurs. Son visage était sans sourire, sans vie***. Alors soudain, la nostalgie vénitienne de Clermont rencontre la violence américaine de Block, et c’est un régal.
*Editions Points.
**San Michele, de Thierry Clermont, aux éditions du Seuil, Fiction & Cie.
***Page 154.