J’ai rencontré Patrice Franceschi au travers d’un livre formidable, Et s’il n’en reste qu’une — qui figura à juste titre jusqu’au bout sur la liste du Goncourt 2021 et je m’étais alors intéressé au bonhomme et découvert les mille vies qui le peuplaient, entre autres celles de romancier, d’aviateur et de marin.
Mais ce ne sont pas là les plus importantes.
J’ai eu la chance de le croiser récemment au premier salon du livre de Digne-les-Bains et bien évidemment, je suis allé lui dire à quel point son roman m’avait traversé, particulièrement sa poésie. Au mot de poésie, son regard si intense s’éclaira de l’intérieur, son visage d’acteur s’illumina, « J’aime que vous parliez de poésie à propos de ce livre », me dit-il. Et pour remercier de l’avoir lu au prisme de cette beauté, il m’offrit son dernier ouvrage Éphémérides*, un recueil de poésie, figurez-vous. De Kor-Waï précisément. C’est-à-dire quatre vers et dix-sept pieds sans rimes, inspirés de la concision volontaire du Haïku et quand un aventurier tel que lui chante la poésie, il délivre magnifiquement ce que promet ce kor-waï-ci, page 91 :
Quelque chose
Qui prenne les hommes
Et les emmène
Très loin.
*Éphémérides, de Patrice Franceschi. Éditions Plon. En librairie depuis le 9 février 2023.