Après son terrible et magnifique livre sur la disparition de sa fille Agathe*, Didier Pourquery ici** s’attaque à une montagne difficile, une face Nord : le Père. Le sien. Christian. Mort le 7 mars 1979, dans un accident de la route alors qu’il conduisait (rapidement suppose-t-on) une R16 TX sur la RN 10. Il avait 47 ans.
C’est vingt ans plus tard, tandis qu’il se recueille sur sa tombe en compagnie de son frère que Didier se rend compte qu’au fond, « on ne le connaissait pas, hein ? ».
Ce Père.
Alors le voilà s’équipant du piolet de la curiosité et des crampons de la patience à l’assaut de celui qu’il ne connaissait pas et dont il nous raconte la singulière trajectoire, depuis son Bordelais natal, dans cette France des Trente Glorieuses, cette France qui se convertit à la modernité (les aspirateurs modernes, les pots modernes pour bébé, les métiers modernes) dans un ton faussement léger, oscillant entre une aimable mélancolie et un esprit très… moderne.
Une histoire de Trente Glorieuses est donc juste l’élégant portait d’un homme que le fils dépeint ainsi (page 190) : l’homme sans passé est un homme sans image.
Mais après cette courageuse ascension dans le passé, Didier revient avec une belle histoire et de jolies images.
Celles d’un père que rien n’arrêtait.
À part un camion, une nuit, sur une nationale.
**L’été d’Agathe, chez Grasset (2016).
**Une histoire des Trente Glorieuses, de Didier Pourquery, aux éditions Grasset. En librairie depuis le 18 octobre 2023.